Pascal Plante sculpte avec art et talent le visage de Kelly-Anne ( Juliette Gariépy ), une actrice qui envoûte l'écran par sa grâce terrifiante. L'image mystérieuse de ce mannequin, et cette rencontre improbable avec Clémentine ( Laurie Babin ). Deux jeunes filles qui se répandent chaque matin au procès de Ludovic Chevalier ( Maxwell McCabe-Lokos ), ce monstre insignifiant, enfermé dans cet aquarium, qu'elles cherchent du regard.
Des groupies fascinées par le côté obscur de l'âme humaine. Le désir d'être au côté du mal, dans cette chambre rouge, où les cris, les hurlements, vous glacent le sang. Une soif insatiable de voir, afin de devenir l'autre créature de son ombre qui menace de les consumer.
Le récit fonctionne bien, lorsque l'horreur disparaît de Ludovic Chevalier, pour s'incarner en Kelly-Anne et Clémentine. Une caméra qui voyage à travers toutes les nuances glaciales de ce blanc. Cette attention portée sur ces troublantes spectatrices et leurs attirances malsaines.
Mais aussi sur Francine ( Elisabeth Locas ), en mère remarquable, qui veut retrouver son enfant, qui appelle à l'aide, loin de ces yeux obscènes. Deux présences dérangeantes qui la dégoutent, qu'elle voudrait voir disparaître.
Les Chambres rouges, est un film qui parvient à devenir ce mélange captivant, qui résonne dans une époque marquée par le voyeurisme morbide, et de l'économie des données.
C'est au milieu du personnage de Francine, cette mère endeuillée, que l'on ressent le contraste saisissant de ces femmes, voire pervers. Une force brute et intense, profondément enracinée dans le drame social et sa noirceur.
Cette frontière que Clémentine ne peut pas franchir, par peur de ne plus en revenir. Mais que Kelly-Anne continue de vivre, naviguant de plus en plus profondément dans le Dark Web, de parties de Poker, en Bitcoin gagné. Un chemin de fascination et d'enquête pour des réponses plutôt macabres, du haut de son hôtel de luxe.
Dans sa trajectoire solitaire, sans émotion, Pascal Plante achève de dessiner tous les contours tourmentés de Kelly-Anne. Le trait véritable qui prend forme, et qui nous interroge sur les motivations profondes de cette femme. Qui nous implique dans ses vues animales, aux regard fanatiques et accusateurs, qui se transforment en sociopathe.
Pourtant malgré cette fin réussie, incertaine, toutes ces obsessions potentiellement bestiales. Cette beauté étrange n'échappe pas à la figure monstrueuse qu'elle s'est construite. Une consommatrice de meurtres et de tortures, sans aucune espèce de compassion pour les victimes et leurs familles.
L'obscurité au fond de sa nature qui semble s'être éteinte, la nuit laissant place à l'aube pour un peu de lumière, allez savoir.