Premier western de Sidney Pollack, les Chasseurs de scalps se situe dans la catégorie des westerns des années 60 pas très sérieux, avec un petit mélange des genres, comme la Caravane de feu, l'Or de McKenna, le Grand McLintock ou Quatre du Texas... Le film apparait aussi d'une étonnante maturité dans l'oeuvre de Pollack, alors qu'il s'agit de son troisième film.
Les puristes des westerns de John Ford ou d'Anthony Mann seront sans aucun doute surpris par ce ton très libre et ces personnages inhabituels ; le style est déroutant et annonce un peu le western italien et en même temps les westerns américains des années 70. Tout en suivant une trame de fond classique, le réalisateur choisit de parler de la condition humaine et du racisme en associant un homme blanc et un homme noir dans une mésaventure à mi-chemin entre le western d'action et la comédie picaresque.
Pollack inverse les situations avec un Noir qui est ici intelligent et qui truffe ses discours de citations latines ; il est opposé à un Blanc qui n'est qu'un simple aventurier pas très fûté puisqu'il se fait piquer ses peaux par des Kiowas qui lui refilent à la place cet esclave noir atypique qui pour lui est un boulet. Ce duo détonant est incarné avec justesse et vigueur par Ossie Davis et Burt Lancaster qui ont dû s'amuser comme des fous dans le désert... Comme les vérités parfois cruelles passent mieux par le biais de l'humour, leurs dialogues vont se révéler très drôles, tous deux s'épient, s'observent, se chamaillent pour finir par se comprendre et même s'estimer, à quoi vient s'ajouter le cabotinage de Telly Savalas. C'est une vision humoristico-héroïque qui fait penser par moments à John Huston et qui donne un ton plus moderne au genre en évitant la psychologie pesante ou le trop grand classicisme, tout en ayant toutes les caractéristiques des westerns.