C'est l'histoire de deux liaisons immorales, l'une par sa nature adultère mais cachée et l'autre par le rapprochement de classes supérieure impensable
L'ambition de Joe Lampton va naturellement vers ce qui brille, à savoir Susan Brown (Heather Sears), la fille de l'homme le plus riche de la ville. Ses tentatives de séduction infructueuses, les humiliations qui lui rappellent insidieusement son milieu modeste et son inculture vont pourtant révéler un être vulnérable et manquant d'assurance sous ses beaux airs. Quand l'inexpérience de certains se traduit par une certaine naïveté, celle de Joe se dévoilera par sa superficialité et son envie des classes aisées. L'expression de ses sentiments pour Susan ne s'exprime qu'en termes matériels, comme lorsqu'il parle d'elle à sa tante en commençant par évoquer la fortune de son père.
Loin d'être le cynique sans états d'âme que l'on soupçonne au départ, Joe est simplement un être qui n'a pas encore vécu et aimé.
Il va pourtant s'accomplir dans la romance adultère qu'il va nouer avec Alice Aisgill (Simone Signoret), une Française plus âgée que lui et mal mariée. Alice représente à la fois une sorte de figure maternelle pour Joe, un être transcendant le clivage des classes anglaises par sa nationalité française et surtout une personne le mettant en confiance et lui permettant enfin d'être lui-même. Laurence Harvey est formidable, laissant peu à peu tomber son masque calculateur pour se révéler plus faillible. Hésitant entre ses ambitions, sa séduction intéressée de Susan et son amour sincère pour Alice, le personnage est autant tiraillé dans son for intérieur que par son entourage.
Les Chemins de la haute ville est un grand film qui sera un triomphe et recevra de multiples nominations et récompenses, notamment pour Simone Signoret, qui se montre assez touchante, apportant une retenue et une finesse bouleversantes à ce personnage mesuré et passionné.
D'ailleurs son prix d'interprétation féminine du Festival de Cannes 1959 et surtout Oscar de la meilleure actrice faisant d'elle la première Française à obtenir ce prix. n'est pas usurpé
Ce film offre une sorte de pendant anglais d' Une Place au soleil (1951) autre film bouleversant.