Le début de l'histoire ressemble à Bel-Ami ; un jeune homme, Joe, se rend dans la province anglaise pour y trouver du travail, et séduit la fille (Susan) de son patron dans le seul but d'évoluer rapidement dans l'échelle sociale. Cependant, en allant au théâtre avec un ami, il va rencontrer une femme (Alice), d'origine française, d'un notable, et va réellement tomber amoureux de cette personne plus âgée que lui, au risque de graves conséquences...
En voyant ce film, j'ai pensé au très beau film de Jack Cardiff, Amants et fils, où il est aussi question d'adultère, de convenances sociales dans l'Angleterre d'après-guerre et d'un amour impossible. D'ailleurs, les deux films partagent le même directeur de la photo, Freddie Francis.
C'est l'histoire d'un homme qui décide de bafouer l'amour d'une femme pour en aimer une autre, ce qui choquera les familles qui, pour étouffer l'affaire, veulent que Joe et Susan se marient, qui est plus cette dernière attend un enfant. L'honneur familial est en jeu, Joe devra s'y résoudre, sans se résigner à voir sa vieille maitresse.
Cette dernière est incarnée par une magnifique Simone Signoret, et qui n'aura pas volé son Oscar ; son regard félin et sa bonhommie, en même temps qu'un charme certain, lui donnent une certaine allure et lui donnent cette assurance que Joe n'a pas. D'ailleurs, ce dernier pétera un plomb quand il apprendra que dans sa jeunesse, Alice a posé nue pour un peintre. Ça le vexe, uniquement par le fait qu'il veut être le seul à voir son corps.
D'ailleurs, Laurence Harvey, qui joue le rôle de Joe, est formidable car il est ce personnage à la fois colérique, donc faible, et aussi sans pitié avec la pauvre Susan (Heather Sears, très bien), alors qu'elle est éperdument amoureuse de lui, alors que ça n'est pas son cas.
Je suis très friand de ces histoires d'amour impossibles, et si la fin semble un chouia précipitée, elle propose néanmoins un très beau plan final ; celui de Joe laissant couler une larme, sentant que sa vie est déjà foutue avant qu'elle ne commence réellement.
On peut parler de ce film comme d'un mélo qui, si il est méconnu en France, a une forte notoriété dans les pays anglo-saxons, à tel point que Simone Signoret sera définitivement sacrée et raflera prix sur prix (Cannes, Bafta, Oscar...). Comme quoi, nul n'est prophète en son pays...