Sam Peckinpah est le cinéaste de l'inéluctable. C'est également un réalisateur froid qui renvoie ses spectateurs à leurs peurs en plaçant immanquablement ses personnages dans des situations qui quelle qu'en soit l'issue, ne peut que les avilir.


Le moins que l'on puisse dire est que Les Chiens de paille n'échappe pas à la règle, bien au contraire.


David (Dustin Hoffman), un mathématicien américain, lassé par la violence de la vie aux Etats-Unis, vient s'installer avec sa jeune et très jolie femme dans le village natal de celle-ci dans le sud de l'Angleterre, pour y vivre paisiblement.


Dès la première scène sur la place du village, la tension s'installe et le spectateur comprend rapidement que ses nerfs vont être mis à rude épreuve. Filmée en cam subjective, on voit, dans la première scène, s'avancer sous les yeux des vigoureux mâles du village, Amy (Susan George), chaque mouvement de son corps met en exergue sa sensualité (long plan sur les seins de la belle esquissés sous son chandail), puis la caméra revient sur David, souriant, mais petit et fragile.


L'ambiance est posée et le malaise va rapidement s'accentuer lorsque l'on découvre que ces mêmes hommes sont en charge des travaux du cottage du couple, passant leur temps à reluquer la belle. On comprend alors rapidement que l'enjeu va dépasser les difficultés d'adaptation de l'Américain dans sa nouvelle vie, lorsque quelques jours plus tard, ce dernier va retrouver le chat de la maison pendu dans un placard, une manière de prouver selon Amy "qu'ils peuvent entrer dans la chambre de ta femme".


C'est ce moment que choisit Peckinpah pour apposer tout son sadisme sur le film: alors qu'un acte de courage du personnage principal aurait pu mettre un terme à la situation, David un peu lâche sympathise avec les ouvriers et ouvre la voie au déchainement de violence qui va suivre.


Retors, le réalisateur nous renvoie à nos propres interrogations (comment aurions-nous agi?), et nous plonge dans un engrenage cauchemardesque où chaque événement devient inéluctable. Le film devient suffocant, d'une violence physique et surtout psychologique inouïe, et ce n'est pas l'acte de courage final, dérisoire dans son timing qui sauvera la situation.


Les Chiens de paille est donc un film sur la sauvagerie humaine, dur, malsain, mais un bon film parce qu'il interroge, interpelle et choque son public. Le film rencontra d'ailleurs un succès public important, expliqué en partie par les informations ayant filtré à propos de l'ambiance épique du tournage : Peckinpah saoul du matin au soir tenta de tuer le producteur, terrorisa Susan George en lui faisant croire [Spoil]


que la scène de viol pourrait être tournée réellement


[Spoil]...


Le mot de la fin à ce charmant réalisateur : « L’homme n’est, en fin de compte, qu’un animal de plus, affamé et plein de haine. »

Yoshii
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le 14 mai 2017

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Yoshii

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