État de piège
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David & Amy sont un jeune couple qui vient de quitter les États-Unis pour s’installer dans une ferme dans la campagne anglaise. Ils pensaient y avoir trouvé un havre de paix, cela va vite se retourner contre eux. En effet, les jeunes qui village qu’ils avaient embauché pour retaper la vieille ferme attenante à leur maison, vont devenir plus en plus intrusif au point de tourmenter le couple.
Sam Peckinpah n’avait réalisé jusqu’à présent que des westerns (Coups de feu dans la Sierra - 1962), pour son 5ème long-métrage, il change de registre et réalise pour la première fois en dehors du sol américain. En adaptant le roman "The Siege of Trencher's farm" de Gordon Williams, le réalisateur met en scène un époustouflant home-invasion.
La tension se fait progressive tout au long du film, le cinéaste prenant le soin d’instaurer son intrigue et de présenter chacun des protagonistes. On devine et on sent la tension monter crescendo. On sent venir un certain malaise, au sein du couple tout d’abord, puis auprès des instigateurs. D’un côté on se retrouve face à David, un mathématicien intello, à la fois effacé, voir dégonflé et de l’autre, Amy, une jeune femme pimpante et aguichante. En second plan, on se retrouve avec un quatuor de beaufs qui se saoulent chaque soir après leur journée de travail. Le jeune couple va rapidement devoir faire face aux dénigrements et autres moqueries de leur part, jusqu’au point de non-retour.
Comme il avait su si bien le faire avec La Horde sauvage (1969), Sam Peckinpah nous offre un final de toute beauté. Les 30 dernières minutes nous plongent lentement mais surement dans le chaos le plus total. Tel un western, on se retrouve avec le couple pris en tenaille au sein même de leur demeure, face à leurs assaillants. La violence n’en sera que plus forte au fil des minutes, transformant David un pacifiste convaincu en mari à la bestialité et la virilité exacerbées.
Le réalisateur y fait des merveilles, grâce à un scénario habille, diablement intelligent et un montage très découpé et calibré de bout en bout. Ajouter à cela, une distribution remarquable, avec un duo aussi inattendu que réussit avec Dustin Hoffman (Marathon Man - 1976) & Susan George (Larry le dingue, Marie la garce - 1974) aux côtés de David Warner (Titanic - 1997).
Alors que la réalisation de Délivrance (1972) lui avait échappé au profit de John Boorman, il est intéressant de voir à quel points ces deux films ont tant de similitudes (la violence, le viol et la confrontation entre la civilisation moderne et les autochtones).
Une œuvre d’une rare violence (la scène du viol ne vous laissera pas indifférent). Brillamment mise en scène, réalisée minutieusement, avec une distribution magistrale. A signaler enfin, l’existence du remake éponyme (2011) de Rod Lurie, sorti dans l’indifférence la plus totale.
(critique rédigée en 2010, réactualisée en 2021)
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Créée
le 24 mars 2021
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