"Vois sur ton chemin, gamins oubliés, égarés...". Comme le dit cette si belle chanson, nous n'avons qu'une envie : donner la main à ces pauvres gamins délaissés, sublimés par l'image poétique et douce-amère qu'offre Les Choristes. Éclopés de la vie, orphelins, malheureux qui s'essayent au sourire avec ce professeur de chant, un brin rêveur, mais ô combien généreux. Les Choristes est une bien belle comédie dramatique qui possède une empreinte émotionnelle très forte, et le seul souvenir de Pépino attendant vainement son père au portail et terminant par
trouver un "père" dans la figure du professeur de chant Monsieur Clément
, suffit à nous embuer les yeux de nouveau. Les chants sont sublimes (et mémorables), les décors sont d'une douce nostalgie et cet orphelinat (ou pensionnat pour certains élèves) est plein d'histoires humaines toutes plus tristes les unes que les autres, mais forment des enfants qui deviendront - on le devine - des adultes sensibles et d'autant plus humains par leurs malheurs passés. L'apprentissage de la vie, des douleurs qui font grandir, toute la beauté des Choristes réside dans ses messages d'espoir et de partage de passions. Des acteurs qu'on n'aura jamais autant appréciés qu'ici pour certains, tant leur jeu est fin (Gérard Jugnot) ou au contraire délicieusement exagéré (François Berléand et son inimitable "Pion, pion, pion..."). On s'amusera de voir qu'après le succès populaire de cette comédie, des chorales ont fleuri un peu partout dans les écoles françaises : on s'est retrouvés chaque mercredi matin à devoir pousser la chansonnette, en commençant bien sûr par "Vois sur ton chemin..." (avec un talent identique à la version catastrophique entendue dans Le Petit Nicolas). Que de souvenirs de joyeux capharnaüms... Heureusement pour la chorale du film, chaque voix est réglée comme du papier à musique, et l'on se repasse la BO en boucle, d'un air rêveur, sans avoir besoin d'aucune image. Morange et sa voix d'ange n'ont pas fini de vous faire fredonner...