Il y a, au fond du propos des Choses humaines, une chose qui peut prêter à l’interrogation. Le film est étrange puisque d’un certain côté, il est intéressant, mais de l’autre, il est incomplet.
Se vouant être l’adaptation d’un roman primé, le film relate les faits d’une famille où succès et médiatisation sont deux problématiques inhérentes à leur vie. Lui est la personnalité préférée des Français et présentateur vedette, elle est une essayiste reconnue. Est né de leur union un jeune homme brillant passé par les bancs de Polytechnique et de Stanford. Mais à cette famille où tout semble réussir, une accusation de viol vient battre en brèche ce petit équilibre si durement acquis.
Comme toute adaptation, le scénario doit faire des choix. Ainsi, le film va principalement s’axer autour de la problématique principale du livre, à savoir le procès de l’accusé.
En soi, le film est intéressant. Il permet de mettre en lumière une situation plutôt ambiguë puisque l’on ne sait pas qui de l’accusé ou de l’accusatrice a raison. Nous ne sommes que des spectateurs de l’audience. J’ai trouvé qu’en cela, le film retranscrivait bien ce sentiment que l’on peut avoir en lisant le livre. Seule l’indignation vis-à-vis de telle ou telle parole se fait ressentir. Ainsi, il est pertinent de voir le film puisque si l’on ne le remet pas dans le contexte du livre dont il est l’adaptation, on pourrait y voir une réussite.
Néanmoins, le film a un problème majeur : c’est qu’il oublie le livre. Bien que la retranscription du procès me semble plutôt fidèle, le livre ne nous dévoile pas seulement un procès. Il nous dévoile aussi l’effondrement d’une famille. Pour cela, il a suivi une trame classique : introduction, élément déclencheur, climax, conclusion. Force est de constater que le film omet l’introduction et passe directement à l’élément déclencheur (le dépôt de plainte). Pour autant, là où je tique, c’est la minimisation du climax. En lisant le livre, vous ressentirez peut-être une tension, que dis-je, une véritable gêne. Tout le livre est fondé sur ce malaise du spectateur. Et alors, le climax – ces « vingt minutes d’action » – se révèle être le point culminant de la tension créée. Le film omet complètement ce point.
C’est d’ailleurs aussi ce témoignage qui vient sceller le sort de la famille. La chute est inévitable, bien qu’il y ait quelques pirouettes qui viennent nuancer cela.
En définitive, ce film a été conçu à l’image de la conception cinématographique d’Yvan Attal : il se veut grand public. Yvan Attal, dans une interview de promotion de son film, déclare qu’il veut que les spectateurs s’amusent en allant au cinéma (à quelques mots prêts, c’est ce qu’il dit). Mais sachez mon cher Yvan que lorsque vous lisez un livre, et d’autant plus sur un sujet aussi sérieux que le viol, le spectateur n’a pas envie de rire, et encore moins d’être pris pour un con. Ainsi, en réalisant l’adaptation, il faut prendre en considération cela et ne pas pondre une pellicule lisse dont les enjeux réels sont passés sous silence.