Le cinéma nous réserve, des fois, d’excellentes surprises. Les clowns tueurs venus d’ailleurs, que j’ai découvert à l’adolescence en fait partie. Et c’est toujours aussi bon 20 ans plus tard.
Soyons honnête, ce film ne fait pas forcement rêver au premier abord. D’une part par le pitch. Des extraterrestres tueurs débarquent dans une petite ville et dégomme tout le monde. Ensuite le budget. Nous ne sommes pas devant Independence Day, 2 millions de dollars c’est maigre, même pour la petite série B qu’il prétend être. Et ce ne sont certainement pas les dix premières minutes qui peuvent rassurer.
Jeunes qui se bécotent dans les bois, flic autoritaire réac débile, sidekick puceaux en rut, héros trop curieux pour leurs propres bien, dialogues ras des pâquerettes et acteurs en roue libre. Voila ce qui vous attend dans cette intro. Tout les poncifs, caricatures, stéréotypes et clichés sont aux rendez-vous faisant forcement craindre le pire pour la suite. Et puis voilà que les extraterrestres débarquent dans leur soucoupe en forme de chapiteau de cirque. Le premier meurtre intervient, avec les premiers VFX, accompagné d’une première idée originale. Et là, la curiosité arrive jusqu’à ce que le spectateur comprenne devant quoi il a posé les yeux.
La structure narrative et son lot de passages obligés n’est qu’un prétexte. Mais un prétexte traité avec amour et respect pour toutes ses séries B passées. Tout autant qu’un cadre idéal et des persos immédiatement identifiables pour permettre d’aller droit au but durant ces 1h30 sans temps mort en revisitant les codes de la S.F des années 50. Mais surtout cela permet de mettre en avant LA grande attraction de cette œuvre à la générosité sans limite : les meurtres. Les frères Chiodo ont eu la brillante idée de reprendre tout ce qui compose, de près ou de loin, le cirque et de transformé chaque élément en arme mortel. Au hasard ? Cocon pour cadavre en barbe à papa, tarte à la crème avec une pointe d’acide, ventriloquie avec marionnette humaine… Voilà un petit florilège de ce qui vous attend. Avec une idée, qui laisse pantois, toute les 5 minutes, Les frères Chiodo offre un spectacle macabre d’une inventivité rarement vue.
Venant des effets spéciaux et maquillage et spécialiste du stop motion, de l’animatronique et de la création de monstre. Ayant fait leur arme sur la saga Critters ou encore Robocop, Les frères Chiodo appliquent tous leurs savoir-faire pour combler leur budget restreint. Les clowns sont à ce titre doublement réussis. D’abord, par leurs aspects variés. Chacun aillant son propre look sur plus d’une quinzaine diffèrent. Les maquillages étant vraiment très réussi. Ensuite, parce qu’il joue sur les deux perceptions que l’on peut en avoir. Terrifiant certes mais aussi drôle. Le film devenant du coup lui-même terrifiant et drôle. Mais avant tout ludique. Car une fois compris la mécanique, on attend avec impatience la prochaine idée, qui disons-le clairement, n’est jamais décevante.
Réussissant à se réinventer constamment jusqu’à un climax d’anthologie dans un décors impressionnant et qui renvoi à une imagerie rappelant aussi bien Tim Burton que Joe Dante.
Modèle de gestion de budget, le film se permet même une explosion et un feu d’artifice final assez poétique. Alors certain le percevrons comme un nanar, d’autre comme un plaisir coupable mais dans ce cas LE plaisir coupable. Personnellement c’est un grand film généreux qui te montre qu’avec trois fois rien mais beaucoup de passion et d’imagination on peux faire de grande chose. Ce n’est pas aussi cela que l’on appelle la magie du cinéma.