Les Survivants

Les Combattants est une petite pépite française. Dans le cinéma français, il y a trois catégories : les comédies foireuses, les thrillers le plus souvent ennuyeux et les révélations. Cette dernière catégorie commence de plus en plus à disparaître au fur et à mesure que le temps passe. Chaque année a ses Césars. Mais de plus en plus je ne sais pourquoi on les donne, si c'est pour donner des récompenses à des films ne dépassant pas la moyenne dans les avis des spectateurs. Le cinéma français se perd, et on est loin, très loin des réussites du cinéma indépendant ou de notre très cher Hollywood. Le cinéma est un art et il se perd. Surtout à cause de comédies françaises qui sortent chaque mois et qui sont plus catastrophiques les unes des autres. Pourquoi continuer à aller voir des films français si c'est pour être déçu ? Pour ces genres de films-là. Où la patte française est à sa perfection et qu'on sent que les français sont toujours dans la compétition. C'est beau et c'est magique.

Les Combattants m'a impressionné. Ce qui est rare. Thomas Cailley signe ici son premier film et il devrait être largement récompensé. Avec une cadence soutenue, il nous plonge dans une atmosphère magique et belle où la vie semble simple. Moi qui ne m'intéresse jamais aux Césars, récompense nullâtre au plus haut point, ici j'ai été épaté. Je n'avais aucun espoir pour le film. Je l'ai vu car on me l'a recommandé, c'est tout. Je n'en avais pas entendu parler, je ne connaissais pas le casting, ça m'avait tout l'air d'un nouveau film français comme les autres, un film à passer sous la trappe. Mais non !

Les premières minutes du film visent à nous installer dans la vie d'Arnaud, simple jeune adulte. Dès le début, Arnaud est représenté comme l'archétype de l'homme sympathique, mais un tantinet arriéré. Ses actions sont toutes prévisibles, et son frère le dirige. Son frère, lui, est intelligent. Il a repris l'entreprise de son père décédé et veut que Arnaud travaille avec lui. Sa vision du monde est simple : son entreprise et les autres. Il veut bosser pour pouvoir se nourrir et il n'a pas le choix que de vivre chez sa mère. La mère qui s'inquiète pour ses enfants mais qui n'a pas l'air de les protéger tant que ça. Voilà comment commence cette épatante aventure. Un cadre banal mais qui cache des secrets. Lorsque les copains d'Arnaud vont l'inscrire dans un cours d'auto-défense, Arnaud va faire la rencontre de Madeleine. Madeleine est l'inverse du stéréotype de la femme. Musclé et sûr d'elle, elle est persuadée que la fin du monde approche et qu'on ne peut rien y faire. Sa seule solution face à ce problème est de survivre dans la nature, seule, où elle devra faire face à toute sorte de problèmes. Arnaud et Madeleine se rencontrent ensuite fréquemment et Arnaud commence à apprécier Madeleine. Il se dit sûrement que c'est la seule qui ne fait pas attention à lui, et qui sait se débrouiller elle-même. Je sens qu'Arnaud ressent une forme d'admiration face à elle. C'est alors que lé début d'une fascinante épopée va commencer lorsqu'ils partent tout deux pour un stage chez les militaires.

Adèle Haenel, que je ne connaissais pas, m'a éblouie. Son charisme est sans limite et même si elle est franche et sèche, je la trouve quand même attachante. Kevin Azaïs a obtenu, si je ne me trompe pas, son premier rôle dans le cinéma. Et quelle révélation ! Il est incroyable. Kevin nous est familier et c'est normal d'éprouver de la compassion pour lui. Les autres acteurs sont très bien.

Un excellent film, qui retrace un excellent raid de deux survivants. Les deux acteurs sont extraordinaires. Je préfère la troisième partie du film, lorsqu'ils sont tous les deux dans la forêt. Pour moi parfaitement maîtrisées, les séquences sont belles et surprenantes. Le tout est frais, et a un côté rêveur. L'humour du film est prononcé mais pas assez pour le too much. Même si dans certains moments, l'humour n'est pas drôle, la plupart du temps, les séquences comiques sont bien réalisées. J'ai même beaucoup ri devant ce film.

Quel dommage que cette fin :

Mais bon, finalement, c'est un film que je recommande et qui prouve que le cinéma français est loin d'être mort.