Le film se compose de 3 sketches, genre très à la mode en Italie à cette époque, réalisés respectivement par Dino Risi, Franco Rossi et Luigi Filippo d'Amico :
- Une journée décisive ; lors d'une sortie d'entreprise, un homme timide et renfermé doit prendre son courage à deux mains pour se déclarer à celle qu'il aime.
- Le complexe de l'esclave nubienne ; alors que sa femme doit accoucher, un professeur fou de jalousie recherche éperdument les copies d'un péplum de catégorie Z où celle-ci avait montré un sein, remontant jusqu'à la commission de censure.
- Guillaume "Dents longues" : dans un concours d'entrée pour devenir le journaliste vedette, un homme écrase ses concurrents par son talent, son érudition et sa culture, sauf qu'il a un défaut qui ne passe pas à l'image, à savoir qu'il a une dentition dite chevaline...
La comédie italienne aime souvent caricaturer le portrait de ses semblables jusqu'à l'excès, et il faut dire qu'ici, c'est violent au possible. Aussi bien pour la timidité de l'homme qui n'arrive pas à s'exprimer, mais qui rêve de se marier, que cet homme jaloux, mais les complexés du troisième sketch ne correspondent pas à l'homme dit Dents longues, mais au jury, avec notamment un prêtre, qui n'arrivent pas à l'éliminer, revenant sans arrêt sur le qu'en dira-t-on si un type avec de tels dents, qu'il semble ne pas faire attention lui-même, présentait le journal télé.
On rit souvent, mais ça peut également d'une cruelle ironie quand on voit le dernier plan de la fin du premier sketch qui ressemble aux barreaux d'une prison, la folie de cet homme jaloux qui recherche toutes les copies d'un film pour UN sein qu'on verrait fugitivement, et surtout le dernier sketch où contrairement à ce qu'on croit, le physique d'un homme ne fait pas tout, il y a aussi le talent.
Il y a de quoi décomplexer de nos propres défauts, mais aussi d'admirer ces trois formidables acteurs que sont Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et Alberto Sordi, qui s'est entiché d'un énorme dentier pour l'occasion. Quant à la technique, le sketch de Risi est de loin le plus accrocheur, avec ces multiples plans qui semblent enfermer ce pauvre Manfredi, seul dans une foule importante.
Finalement, les trois courts se valent, avec une préférence pour le dernier, mais il faut dire que Sordi s'est donné un rôle vraiment amusant, étant un des scénaristes de cette partie.
C'est vraiment une belle réussite de la comédie italienne, méchante et mordante à souhait !