Le fait d'avoir déjà tourné deux fois avec John Huston (Le Dernier de la Liste et La Bible) n'empêcha pas George C. Scott de se disputer avec lui puis de le faire virer du tournage de The Last Run, afin d'être remplacé par le talentueux Richard Fleischer.
Il semblerait que l'acteur, tout juste oscarisé pour son rôle dans Patton, chercha à imposer ses idées et surtout des actrices, sa femme d'alors puis celle qui deviendra sa future épouse, ce qui ne plaira pas forcément à Huston. On ressent d'ailleurs ce changement par un manque d'homogénéité de l'oeuvre, qui prend parfois plusieurs directions, allant notamment du road-movie au polar, et on s'y perd un peu, surtout que l'écriture n'est pas toujours à la hauteur.
The Last Run souffre notamment de personnages un peu trop caricaturaux, ce qui se ressent par la thématique du choc des générations, et on a du mal a vraiment s'attacher eux. De plus, il y a certaines maladresses derrière la caméra, notamment dans la gestion du rythme avec quelques séquences clairement trop longues. Pourtant, l'oeuvre n'en reste pas moins plutôt agréable à suivre, notamment grâce à son cadre géographique, l'Espagne et le Portugal, qui est bien exploité, ainsi qu'une ambiance désenchantée, virile et mélancolique plutôt prenante, tout cette ambition de prendre la route pour la dernière fois et de faire les choses à l'ancienne, d'ailleurs sublimée par la bonne bande originale de Jerry Goldsmith.
George C. Scott est omniprésent, pour le meilleur mais aussi le pire, il occupe une place énorme et parfois l'oeuvre semble juste être faite à sa gloire. Il parvient tout de même à porter The Last Run sur ses solides épaules, de rendre son personnage vivant même si on peut regretter l’inexistence, ou presque, de ceux l'entourant, notamment les femmes. Il y a un certain charme qui se dégage du film et de ce personnage, et on pourra aussi apprécier son rapport avec les voitures, notamment ce superbe cabriolet BMW, alors que quelques séquences, à l'image de l'introduction, restent très bien foutues.
Passer des mains de John Huston à celles de Richard Fleischer, The Last Run bénéficie d'un omniprésent et solide George C. Scott, ainsi que d'une ambiance désenchantée pour pallier une écriture parfois maladroite.