Ecrit dans le cadre d'un partiel
Conte.
Un titre donnant l’image parfaite de ce que Kenji Mizoguchi raconte avec ce film.
Le logo de la Daiei surgit, une imposante composition musicale retentit.
Les crédits, calligraphiés sur une suite de tissus de kimono, amorcent la couleur, et nous plonge dans la province d’Omi au XVIe siècle.
Deux hommes, une femme.
Un potier, modeste à vue d’œil,
Soudainement pris d’ambition
Suite à un heureux hasard.
Un couple paysan
Aimant pourtant
Dont l’homme va devenir samouraï, la femme prostituée.
3 personnages a priori soudés, 3 amis que la guerre civile sévissant réunit
Pour finalement leur faire prendre 3 voies différentes.
3 trains de vie, dont les railles mènent tout droit à une société d’esprits
Autant avides de pouvoir et de patriotisme que d’argent.
Tous trois pensent être l’idée accomplie de victoire,
Autant sociale que morale.
Vague
De près, comme de loin, la caméra de Mizoguchi ne lâche pas ses 3 aspirants.
Comme bon ravisseur, joies et déboires de Genjuro nous interroge
Que ressent-il ?
Pourquoi toujours plus d’avidité de pouvoir ?
Ne s’interroge-t-il jamais de l’entité d’un traquenard ?
Aucun moyen de le savoir.
Miyagi, sa femme, plus sage, nous est transparente.
Transparente aux yeux de tous.
Sauf à ses yeux.
Lorsqu’il rencontre Wakasa, belle à la mort aux dons de charme irrépressibles, il prétend se livrer à une tentation infidèle.
Ce qu’il tarde de réaliser, c’est que sa femme, durant ce temps, meurt.
Elle meurt de l’absence de son bien-aimé, éloignée de la maison.
Pourtant, il ne daigne entendre raison.
Tobei l’aspirant samouraï, pour arriver à ses fins
Délaissera sa bien-aimée au rôle de service de la catin.
Se faisant cavalier seul, il renonce à toute conscience politique.
Son statut social tant désiré, naquit d’un vol, le privant
De toute clarté morale, à mesure dégringole.
Lune
Wakasa, c’est le charisme écrasant et le style hypnotisant de Machiko Kyo
C’est un esprit, une identité spectacle.
Autrement dit, entre elle et Genjuro, tout n’était qu’illusoire.
Dans son antre, que du noir. Brouillard.
Une figure de femme irrésistible se déploie, le laisse sans voix.
Grâce à elle, l’idée de se fier aux apparences lui apparaît superflue
Son âme est hantée par des esprits malfaiteurs,
Ayant débouché une relation autant sensuelle que malsaine.
Lorsque son amant parvient à le concevoir enfin, il est trop tard pour sa vie de couple.
Il réalise l’ampleur des tentations de l’homme d’argent
Et la perte de toute trace de son trésor.
Puis, changement de décor
Loin de la société grouillante du début, git un corps ?
Par-dessus la boîte, un enfant
Comme ultime sujet innocent.
Pluie
Une galerie de personnages en rupture par rapport à la société dans laquelle ils déambulent, tel est le sous-texte social du film de Mizoguchi.
Chacun a pour cible une ambition méprise, ayant pour synonyme une longue vie de solitude.
Le rupin n’a pour lui que son grade,
Le samouraï arme,
Sa femme son corps,
Vivant d’amants.
Tout n’est que rêve.
Dans Les Contes de la Lune vague après la pluie, chacun ne vise que ses rêves.
Au même titre que l’archétype du mafieux du cinéma scorsesien, chacun songe des objets absurdes.
Par le biais de l’une de ses plus anciennes créations, le Japon nous livre une bien belle leçon.
Qui s’écarte du droit chemin, nuit l’adroitement des mains qui lui sont tendues.
Sous la houlette photographique de Kazuo Miyagawa, tout n’est plus que solitude.