Sophie Letourneur a une façon bien à elle de mettre en scène le dialogue, depuis La vie au ranch, ainsi que de mettre en scène des personnages qui racontent un souvenir, depuis Le marin masqué. Les coquillettes joue sur les deux tableaux. C’est à la fois donc un film sur la parole, il y a en effet très peu de séquences non dialoguées, mais aussi un film sur une bande de copines évoquant un souvenir. La cinéaste fonctionne moins par souci de réalisme que d’authenticité. Elle fait en sorte que le souvenir soit le centre de leur discussion, comme si elles s’étaient dit préalablement qu’elles ne parleraient uniquement de se souvenir commun.
De leur voyage au festival de Locarno, conté entre le moment où l’on fait bouillir les pâtes et celui où l’on jette les restes dans la poubelle, nous ne verrons que ses banalités intrinsèques et diverses fascinations romantiques. Sophie Letourneur travaille énormément les répétitions. Un nom devient pour l’une d’entre elle une obsession. Louis Garrel ici, Louis Garrel là-bas. Comme l’était le marin masqué dans le film éponyme. C’est surtout pour chacune l’occasion de raconter leurs illusions et désillusions rencontrées durant leurs conquêtes masculines.
Je l’avais raté en salle (vu sa distribution en même temps…) donc c’était l’un des films que je voulais le plus voir en ce moment. Il a peut-être un peu souffert de cette attente. Je veux dire : j’adore le cinéma de Sophie Letourneur, pourtant je suis un peu déçu cette fois. J’ai l’impression d’un film de chutes du Marin masqué. Je l’aime bien comme il est mais j’espérais davantage. L’autre problème c’est que le film ne m’émeut pas contrairement aux deux précédents qui me terrassent… Mais je suis tout de même ravi de voir la cinéaste creuser un sillon bien à elle qui me semble inépuisable, en espérant que le prochain essai sera plus intense.