"Les cordes de la potence" est clairement un western classique où Andrew V McLaglen met en scène un John Wayne toujours vaillant mais fatigué dont ce sera un des derniers films.
C'est un western que je qualifierais bien de familial à la limite du conte et de la ballade. En effet, John Wayne campe un US Marshall complètement impliqué dans son boulot qui est de courir derrière les gangsters partout au point d'en négliger ses deux enfants adolescents livrés à eux-mêmes depuis la mort de leur mère.
Les gosses sont tellement livrés à eux-mêmes qu'ils accumulent les frasques, la dernière étant la plus grave puisqu'ils s'associent carrément à une bande de gangsters et participent au pillage d'une banque.
L'histoire du film sera la reprise en main des deux enfants par leur père conscient de sa propre négligence. On n'est pas du tout dans le western avec des grandes chevauchées ou des combats héroïques. Là on est dans une société en voie de normalisation où l'indien comanche est un cultivateur et ami en qui le personnage de John Wayne a toute confiance et où la loi règne. Une scène est d'ailleurs très signifiante où John Wayne fait face à des gens qui veulent lyncher les prisonniers. La question sociétale de fond concerne les contraintes de certains métiers difficilement compatibles avec une vie de famille et surtout la nécessité de l'éducation pour éviter aux enfants les fameuses tentations de l'Ouest toujours présentes.
Le discours peut paraître ridicule voire même très conservateur. Mais c'est là qu'apparait l'aspect "conte" dont je parlais plus haut. Car le retour du personnage John Wayne ne s'accompagne pas d'une remise en ordre musclée mais plutôt d'une tentative de compréhension mutuelle où apparaissent les besoins de retrouvailles et de recréation d'un lien qui a disparu. Cela commence par la réaction raciste du fils ainé face à la femme de l'indien comanche que le père réprouve. Cela se poursuit par la surveillance discrète exercée sur les deux enfants notamment dans la fameuse scène nocturne du cimetière où les enfants sont brusquement apeurés par l'envol d'un hibou. Là, on est pas loin même du conte fantastique avec le fils cadet qui s'écrie "c'est une âme qui quitte un corps".
Au niveau du casting, on peut dire que John Wayne est excellent dans ce rôle où on sent nettement la fatigue qui semble submerger le personnage dans son travail harassant de toujours courir par monts et par vaux mais aussi submerger l'acteur face à la maladie. Le rôle de l'indien est assuré par Neville Brand
De même c'est Georges Kennedy qui joue le rôle de chef du gang ; son allure plutôt bonasse est cohérente avec la manipulation qu'il exerce sur les deux enfants.
Là où le casting me semble pêcher un peu c'est dans le choix pas très convaincant des deux acteurs pour jouer le rôle des enfants. A moins que ce soit carrément la définition des deux personnages qui aurait pu être un peu plus travaillée.
Au final, je ne parlerai pas de chef d'œuvre pour ce film mais d'un western, somme toute, plutôt sympa où John Wayne montre une facette humaine et paternelle un peu inhabituelle.