Les cousins (des Tricheurs).
Deuxième film de Claude Chabrol, et dialogué par Paul Gegauff, les cousins est une radiographie de son époque ; on y voit une certaine jeunesse parisienne, qui ne veut que s'amuser tout en...
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le 16 oct. 2011
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Un des premiers films de Claude Chabrol qu'il a réalisé en 1959.
Un film qui a le don de mettre mon sang en ébullition ; c'est aussi un film que mon épouse ne veut plus jamais voir car ça lui flanque un mal de ventre (viscéral) … Un film qui ne laisse pas indifférent. Un film dont je ne sors jamais indemne, même aujourd'hui. Donc, un bon film ?
J'ai dû voir ce film pour la première fois dans un ciné-club étudiant vers l'âge de 20 ans donc dans les années 75. Je me souviens encore aujourd'hui à quel point il m'avait sacrément perturbé et révolté … L'histoire est profondément cruelle et je haïssais (sans limites) certains personnages. Je haïssais ce monde frivole de cette jeunesse dorée qui passe le temps des études à s'amuser parce que de toute façon l'avenir est sans nuages et souriant. Quand ça sera le moment, les bonnes portes s'ouvriront et on passera aux choses sérieuses (sans se fatiguer et en gagnant beaucoup d'argent). Tout cela est bien ignoble. Donc, un mauvais film ?
L'histoire raconte l'arrivée à Paris du cousin de province Charles (Gérard Blain) venu finir ses études. Il est hébergé par le cousin de Paris, Paul (Jean-Claude Brialy). Les deux personnages ont des tempéraments très différents. Paul est beau parleur, cynique et glaçant sous une apparence chaleureuse. Charles est sérieux, romantique et attachant. Le premier fait, irrésistiblement, partie de la classe des "winners". Le second fait, naturellement, partie de de la classe des "losers".
Qu'on ne me dise pas que le film est vieux parce que tous ces jeunes sont habillés en costard et ne ressemblent pas aux jeunes d'aujourd'hui. L'histoire racontée par Chabrol est parfaitement intemporelle. Dans les années 75, je pouvais déjà mettre des noms sur la plupart des personnages et aujourd'hui encore, je n'aurais aucune peine à trouver les mêmes correspondances avec des jeunes bien actuels (en jeans aux genoux savamment déchirés…).
Les femmes dans le film sont - peut-être - l'élément qui a évolué au cours des années. Dans le film, elles ne semblent pas poursuivre d'études et sont plutôt soumises au "pouvoir" de l'homme (pété de thunes, comme on dit aujourd'hui). Mais là encore, ça ne change guère le propos.
Un des personnages féminins se distingue toutefois. Il s'agit de Florence jouée par Juliette Mayniel (que j'ai adorée dans "Pêcheur d'Islande"). Elle fait partie de ce groupe de jeunes et est attirée par le caractère doux et romantique de Charles. Ce qui n'est pas du goût du cousin parisien qui va se démerder pour la séduire au cours d'une scène abominablement révoltante. Mon sang ne fait toujours qu'un tour, à crier : mais qu'est-ce qu'elle attend pour flanquer une claque dans la gueule de ces ordures ?
Mais le personnage que je préfère, c'est le libraire qui n'a que mépris pour cette jeunesse faussement cultivée qui "ne lit que des livres pornos ou policiers" (je rappelle qu'on est en 1959 …) et qui devine le provincial en Gérard Blain parce qu'il lit du Balzac … C'est un véritable élément d'équilibre du film interprété par un rassurant Guy Decomble.
La bande originale est judicieusement construite sur la base de grands morceaux du répertoire classique : la 40ème symphonie de Mozart et des airs de Wagner (Tristan, la Walkyrie et le Crépuscule des dieux)
Au final, il me reste à avouer que ce film est quand même superbement mis en scène par Claude Chabrol, superbement joué par Brialy et Blain. Mais mon impuissante révolte devant cette histoire cruelle m'interdit absolument d'aimer ce film.
Eh bien, c'est le libraire (Guy Decomble) aidé du personnage de Juliette Mayniel qui vont départager mes impressions très contrastées ; je vais mettre 6 (mais avec répugnance).
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Créée
le 15 août 2023
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