Quel est le point commun entre la série « Soda », « De rouille et d’os », « Saint Laurent » et « Les Cowboys » ? Un homme, un scénariste, Thomas Bidegain qui réalise ici son premier film. Si le résultat n’est pas à 100% totalement convaincant, il n’en reste pas moins que l’œuvre est forte.
Décomposé en trois parties, « Les Cowboys » nous propose la descente en enfer d’une famille à la fin des années 2000 bouleversée par la disparition de la fille qui a décidé, à la grande surprise de tous, de se convertir à un Islam radicalisé, faisant fi de son passé. Son père décide alors de la retrouver. De ce sujet, miroir d’une actualité âpre, Bidegain dévoile peu à peu toute la complexité de la situation (rapports humains), et tente d’aborder la mutation d’un ordre mondial dont les codes sociétaux évoluent. S’il se révèle bien souvent brillant dans la caractérologie des personnages, le scénario à tiroirs pêche un peu. La première partie portée de bout en bout par une François Damiens époustouflant (il affine encore son jeu par rapport à « Gare du nord », où il campait déjà le rôle d’un père à la recherche de sa fille) est magnifique de précision au niveau tempo, cadrages, trouvailles de mise en scène. La suite hélas sera un peu plus flottante quant à la crédibilité notamment sur la relation entre Kid et Shazhana, un peu comme si Bidegain visait le toujours plus d’effets, ce qui le mène à quelques maladresses (le même travers d’ailleurs était à reprocher à « Dheepan » cette année, dont il est l’auteur).
Mais globalement la vigueur émotive l’emporte, et le film se démarque par l’originalité de son traitement. La direction de la photo, la bande son et les plans sont inventifs, la bande originale participe avec subtilité à la tension générale et en plus de Damiens, un autre grand acteur se révèle, Finnegan Oldfield parfait dans le rôle du fils.