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Film de grandes réflexions, ne veux-tu pas nous donner un peu de temps ?

Attention ; ma critique divulgâche, mais cher lecteur, je ne crois pas cela très gênant, ce n'est pas un film de divertissement ou à fort suspens. Je pense qu'il faut l'aborder comme une réflexion profonde, cette critique peut donner quelques clefs, être une ébauche de pensées.

Une femme tue son fils, symbole d'une humanité qui change radicalement, incarnation d'une évolution nouvelle et inquiétante ; l'enfant mange du plastique. La mère donne la mort comme refus de cette perspective, l'enfant quitterait le rang de l'humanité. Il deviendrait dépendant de ce qui nous tue. Le père du fils, adepte d'une secte ou je ne sais quoi, conserve le corps. Il faut l'exposer. Les choses deviennent alors intéressantes ; l'exposer pour retrouver l'harmonie. Ce monde noir et sombre, synthétique (le décor dépeint un environnement avec très peu de biodiversités (Je crois avoir vu uniquement des buissons ?)) chante le morne pour l'homme. Les corps des demeurants de ce monde, ont perdu toutes sensations ; les sens sont en bernes. Hyperbole de notre société ou future réalité (métaverse?). Il y a une claire séparation, entre l'âme et son corps, entre le monde et le corps. Le monde est le revers de l'âme, face au monde qui se ronge, choix de l'âme, choix des hommes (ou plutôt de la société occidentale dans un sens très large) de placer l'utilité, la production au cœur du monde, il faut admettre un corps à la hauteur pour caresser l'espérance d'une nouvelle harmonie, celle d'un monde technique, le corps naturel, le corps qui se crée de soi-même sans qu'il n'y aucun contrôle des plants, sur les lois de la nature, ce corps là ne peut prospérer dans un monde où tous est modifié et où l'homme possède et contrôle, pose sa main sur l'ensembles des processus et des expériences. "Surgery is the new sex" Les corps inertes doivent laisser la machine produire les grandes sensations, "the old sex" n'est plus rien ou presque. Si loin de leurs origines de corps naturels, les corps ne répondent plus qu'aux machines. Même dans le rapport intime des corps, il faut un intermédiaire matériel, le scalpel vaut mieux que la caresse. (Mais pourquoi pas les caresses et le scalpel ; il reste une tension - plutôt légère ? - jusqu'à la fin du film entre basculer définitivement dans le monde matériel, ou regagner une part du corps naturel). Le père de l'enfant cherche donc à créer un corps adepte du matériel, un corps qui mange du plastique ; "ce que l'on produit" (je ne garantis pas l'exactitude de la citation, défaut de mémoire.) ; ainsi est trouvée la nouvelle harmonie.

Je vois peut-être, aussi, dans ce film une critique du transhumanisme, ce courant qui vise à étendre la vie. (1000 - 1500 ans d'espérance de vie sont annoncés par certains adeptes tel que le grand fondateur du grand site Doctissimo ; el famouso Laurent Alexandre) Je m'explique ; le scénario du film se base sur des évolutions d'organes liée à une cause inconnue, les corps changent, connaissent des évolutions du métabolismes qui étaient alors inconnues. Possiblement du fait d'une augmentation de la durée de vie, donc d'un monde transhumais, qui a dépassé la mortalité. (On pourrait aussi imaginer un nouveau climat ou autre modification de l'environnement qui nécessite une adaptation de l'organisme ?) Ce qui me fait particulièrement penser à une critique du transhumanisme, c'est le rapport entre la fin et le début du film. La mère tue son gosse, symbole d'un acte de résistance, agrippement au corps naturel de l'homme. Mais à la fin Tenser (le preso principal), face aux souffrances que lui provoques les mutations organiques choisit de goûter à la "nourriture plastique" (sous forme de barre, comme ta barre Kellogg ou Nestlé ou ton grand père, mais en rose, du plastique rose miam) Après avoir mordu et bouffer la moitié de la barre, ses tremblements s'arrêtent, le regard transmet un message, il me semble assez clair "je vais mieux", un signe d'espoir. L'écran noir. (Cependant dans la salle obscure bondée, la seule personne autour de moi, et pourtant très active n'a pas la même certitude, cette fin serait ambiguë... Bon, ma certitude est mon sentiment.) Tenant ma vision comme vrai, le personnage abandonne son corps de nature et choisi celui conçu artificiellement, modifié artificiellement pour supporter le monde synthétique. L'opposition entre le début et ce refus du corps synthétique et la fin et l'acceptation resillée, me fait penser au transhumanisme ou de toute façon à quelque chose qui y ressemble (le transhumanisme étant le seul courant idéologique que je connais qui souhaite modifier le corps et dépasser la nature au nom d'une philosophie et d'une idéologie) Alors, pessimisme ou réaliste, la victoire sur la nature, le dépassement de cette dernière, serait alors le chemin nécessaire mais insensé, triste. L'homme a changé la nature. Il doit changer son harmonie, son corps qui le reliait l'esprit au monde n'est plus compatible. De même, l'inévitable, la fatalité fait penser à la nécessité du transhumanisme, une fois le progrès technique ou plutôt une fois que l'expérience de prolongement de la vie de manière très significative aura été produit, pourrons nous reculer ? Notre monde ne nous oblige pas ? J'ai un doute que le réalisateur voulait dépeindre le transhumanisme, mais bon vous avez vu le film, vous allez le voir ; alors vous pourrez contribuer à mes spéculations. 

Mais une question me reste à l'esprit, quels sont, ces crimes du futur ? Le futur ok, mais crimes, quelles sont les crimes répétés ? Ces corps qui vont mourir, ces organes humains qui vont disparaîtrais remplacés par des conceptions ou des fromations induites par l'humain ? Une guerre, un conflit qui se dessine dans le film, entre les autorités (Brigade des mœurs ? C'est bien ça ce nom hyper sex, à faire bander les bureacrat.e.s ?) et ce père (assassinés par les industriels pour qui la disparition des émotions est une opportunité économique) puis Tenser visant à atteindre une harmonie corps et esprit ? Donc, bientôt, des crimes entrent les partisans d'un statu quo et d'une évolution vers un corps modifié génétiquement. Mais bon le terme exact ne serait guère crime, alors. (Putain quelle belle phrase j'ai les larmes aux yeux devant tant de poésie ; j'ai été touché.) 

De même, ce film invite peut-être à s’interroger sur les émotions. Émotion est un mot unique, mais ne désigne t-il pas des choses très différentes ? Ces hommes décrient comme inertes et navrants qui cherchent les sensations (je sais plus si j'ai lu ça dans le speech ou vu dans le film mais bref je suis lancé dans ma réflexion alors blc comme dit mon chère père) ne sentent-ils vraiment rien ? Comment leurs appareils biologiques fonctionneraient alors, sans toutes ces informations perçues, comment se déplacerait-il ? Comment Tenser (je veux l'appeler Térance, Freud vient soigner mes...) pourrait-il voir Caprice (Seydoux) sans sens ? Comment pourrait-il même comprendre quoi que ce soit du monde, sur le monde, entrer en relation avec autrui. Ces sens fonctionnent, mais pourtant, il ne sent pas ! N'est-ce pas une situation (déjà) d'actualité ? (Oui, je reviens un peu sur mes pas, j'avance doucement, un pas un avant, trois pas en arrière, c'est la politique du gouvernement, toutou...) N'y a-t-il pas un déficit de sensation ? Des sensations qui sont uniquement mécaniques. Une incapacité (pour quelques-uns, au moins) à réellement sentir son corps, son corps refuse de donner des signes, d'une certaine vitalité. Triste harmonie, harmonie brisée du corps, de l'âme et du monde. 

Bon ceci reste une critique et non un livre de philosophie ou un compte pour enfant, qu'est ce qui manque à ce film ? Du temps, le temps de l'art. Peut-être du fait d'un faible budget (?) Cronenberg ne pouvait pas faire plus long, détailler plus et surtout faire ressentir plus. Je trouve le film trop rapide, l'enchaînement des plans ne permet pas de ressentir toute la richesse de scènes souvent originales, il n'y a pas le temps pour entre dans l'instant, je gardais souvent ce voile, une certaine distance. Les scènes de performances artistiques sont magnifiques, mais pourquoi les faire si rapidesss ahhhhh ; celle avec l'artiste aux oreilles, sa danse est formidable, l'esthétique également, pourquoi ne pas passer plus de 20 ou 30 secondes ? Film de grandes réflexions, ne veux-tu pas nous donner un peu de temps ; devant ces scènes étranges, laisse un peu, notre corps nous parler. Ce film contente ma réflexion, mais non mon sensible. Mais peut-être, ce temps rapide est aussi souhaité, le réalisateur veut frustrer, comme dans ces performances artistiques où tout le monde, ou presque, filme, traverse l’instant à travers une caméra et un téléphone. Comme ces quelques personnes qui pensent comprendre, instantanément ou presque des réflexions profondes dont la réalisation, l’aboutissement est lent. Ou peut-être, c’est cette rapidité, ce souci de l’avenir qui est incarné dans cette réalisation. 

Champsglissants
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le 8 juin 2022

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