Je n'ai pas vu un nombre incroyable de films de David Cronenberg, mais suffisamment pour me faire une idée assez précise de ce qu'est son cinéma et sur le fait que je préfère largement la partie "grand public" du réalisateur (La Mouche, Les Promesses de l'ombre, etc.) que celle plus personnelle avec un scénario plus hermétique, un jeu d'acteurs et d'actrices généralement plus "désincarné", des dialogues prenant bien soin de vous paumer encore plus. Je comprends que des personnes adhérent, qui kiffent même. Tant mieux pour eux.
Autant dire que Les Crimes du futur ne partait pas pour appartenir à ma catégorie d'œuvres préférées du Monsieur. Donc, je me suis mis dans le crâne qui fallait l'accepter et voir, au-delà de cet aspect, quelles sont les qualités et quels sont les défauts. Ah oui, une petite précision de me lancer, je n'ai pas vu Crash (oui, la honte, jetez-moi des tomates à la figure ; en plus, c'est la saison !), sinon, je suis certain que je l'aurais balancé dans cette critique toutes les deux lignes.
Bon, au-delà de l'aspect mentionné ci-dessus, ce n'est vraiment pas terrible.
D'abord, le schéma scénaristique est pourri dans sa construction. Pour résumer les choses grossièrement, une scène sur deux, il y a un échange ampoulé qui n'apprend rien (sauf que la chirurgie est assimilée au sexe ; ouais, bon, pour le coup, ce n'était réellement pas la peine de le dire, c'était parfaitement compréhensible sans cela !), l'autre, c'est du body-horror avec tout plein d'incisions.
Ensuite, le body-horror apparaît d'un kitsch, d'une fausseté incroyable. Rien que la peau, on dirait du latex peint couleur chair. Ils sont où les effets spéciaux horribles de réalisme de La Mouche (qui a pourtant 35 piges de plus !) ? Conséquence, une scène sur deux, c'est nul.
Maintenant, la distribution. Bon, déjà, si je fais exception de Kristen Stewart (je vais y revenir !), l'interprétation se contente d'être aussi expressive et de dégager autant d'émotions, même sous-jacentes, qu'un parpaing (Remarquez, c'est l'idéal pour Léa Seydoux, quoiqu'un parpaing propose quand même une plus grande gamme de sentiments à jouer. Par contre, j'ai regardé avec amusement les cacahuètes qu'elle s'est collée au front !). Conséquence, l'autre scène sur deux, c'est nul aussi.
Vous parsemez tout cela d'une photographie trop lisse, rendant éclatant de propreté un truc qui devrait être tout crade (même les tripes !), et d'une pauvreté dans les décors semblant se résumer qu'à être deux-trois qui se bousculent (Le fait que l'ensemble ait été filmé en Grèce, c'était juste un prétexte pour profiter du soleil et des paysages aux frais de la production pendant les pauses de tournage, c'est ça ? Parce qu'un hangar et ses alentours dans n'importe quel coin paumé de n'importe quel pays auraient pu aussi bien faire l'affaire !).
Autrement, les personnages et leurs motivations ne sont pas creusés (l'hermétisme n'excuse pas tout !). De potentielles bonnes idées ne sont presque pas exploitées. Kristen Stewart est la seule à dégager un semblant de quelque chose (peut-être de la sensualité !), en bureaucrate rigide qui ne peut pas s'empêcher de mouiller face au geste chirurgical. En voilà, un personnage qui promet et... le récit s'en fout en la faisant juste apparaître pendant quatre-cinq petites séquences au hasard. Ah, enfin des choses qui promettent d'être bonnes avec les deux tueuses et la barre à bouffer, ayant l'air d'être saveur cassis (miam-miam !), promettant un beau trip hallucinatoire. On va pouvoir enfin commencer avec les trucs intéressants (oui, j'adopte la posture du faux naïf, car, ayant constamment jeté les yeux sur ma montre, je savais qu'il restait dix minutes-un quart d'heure, générique de fin compris !)... ah, ben non, c'est terminé...
Vous savez quel est mon ressenti après avoir visionné le film ? Avec ce kitsch, ce scénario mal foutu, cette interprétation désespérément plate, cette mise en scène indigente ? Celui que David Cronenberg s'est involontairement parodié lui-même.