Cronenberg incise les entrailles d’une quête artistique vouée à l’obsolescence. Entre mutations et prolifération, la chair est triste. Le film de David Cronenberg interroge motivations, pulsions, et angoisses suscitées par le monde contemporain. Il les métaphorise à travers une marchandisation du corps et des organes, la métamorphose graduelle de l’humain. Il ressort ses propres références ( objets technologiques bizarres, instruments de chirurgie effrayant, ventres ouverts , entrailles à nu ...) mais alors que le corps est au centre des paradoxes et des métamorphoses le film manque de chair. Il y a un lieu où le corps fait l’objet de débats dans l’art contemporain, c’est le Body art qui va le plus loin dans ce domaine en prenant le corps propre non seulement comme support, mais comme moyen d’expression artistique. Le corps humain devient la matière première de la quête « esthétique », au moyen des explorations corporelles sans limites, sans scrupule, sans souci d’épargner la douleur. La peau devient toile, les fluides corporels deviennent peinture, et le bistouri prend la place du pinceau ou du burin du sculpteur…. On pense bien sûr à Orlan valorise à travers ses performances d’opérations chirurgicales l’idée du corps comme outil de débat public.