"Les cruels" marque ma quatrième incursion dans le genre pour mon cycle W estival. Première pioche : le mirobolant "Shane" suivi par les deux épisodes du dollars ("Pour une poignée..." et "Et pour quelques dollars..."). "Les cruels", synopsis : à la fin de la Guerre de Sécession, une pseudo-famille confédérée (un père et ses prétendus fils) ne supportant pas la défaite se voit contraint de voler une importante somme d'argent pour reformer une armée sudiste... . Sur une trame complètement originale et abandonnant totalement le registre de la vengeance, Corbucci signe un western inhabituel en ponctuant un scénario riche en rebondissements tous plus fous les uns que les autres, surtout dans la dernière moitié du film. Le réalisateur du "Spécialiste" (avec Johnny !) s'appuyant davantage sur la tête d'affiche (Joseph Cotten) que sur les autres protagonistes. Avec un personnage à part entière qui renforce le clou du spectacle : un cercueil. Un matériel déjà utilisé depuis Franco Nero alias Django dans le film du même nom. Ici, le cercueil se fait ainsi la doublure de Cotten et exit la gatling, pour un western beaucoup plus classique dans la forme que le crépusculaire "Django". De même, "Les cruels" ne possède pas la patte d'un Morricone, et c'est bien le seul défaut du métrage. Dans cette atmosphère étouffante à la Corbucci, il manque ce souffle épique d'aventures. Une BO digne de "La mort était au rendez-vous" aurait rendu "Les cruels" plus vivant. On se rassure par la présence photographique, au générique !, d'Enzo Barboni (futur réalisateur de certains Hill/Spencer dont "On l'appelle Trinita" et "Deux supers-flics") et de la charismatique voix française de Joseph Cotten (immortalisé par "Citizen kane", il jouera plusieurs fois aux côtés d'Orson Welles, et pas des moindres !: "Le troisième homme", "Othello", "La soif du mal") qui peine à s'imposer dans la figure de l'anti-héros à la Eastwood, Nero ou Fonda. Pour conclure, "Les cruels" est un western mineur concocté par un artisan en la matière, le futur metteur en scène du "Grand Silence". Spectateurs, si vous n'aimez pas les Barrault, prenez une diligence !