C’était correct…
Ces Cruels démarraient pourtant mal : intro étonnement molle du genou, énorme déficit de charisme à l’écran (sans même convoquer en comparaison les têtes d’affiches des autres westerns de Corbucci que j'ai vus – à savoir Franco Nero, Eli Wallach, Trintignant ou encore le Djo) et, plus globalement, rendu visuel triste au possible et mise en scène très sage, iconisation et folie aux abonnés absents. Bref, le baroque de ses titres les plus fameux ici en sourdine, ce qui surprend – et déçoit – forcément un peu. J’ai alors craint le Corbucci archi-mineur, voire anecdotique, un film dont il n’aurait absolument rien eu à foutre et qu'il aurait expédié par-dessus la jambe...
... mais après un quart d’heure à ce régime, une première scène avec un peu de tension – un premier contrôle du convoi – pointe enfin le bout de son nez, et le film décolle alors, le spectacle devient digne d'intérêt. Le film alignera ainsi une poignée de séquences où la tension fonctionne pas mal (à base de contrôle du convoi/cercueil ou bien de rencontre avec un mec qui a connu le faux défunt) et, globalement, des péripéties suffisamment nombreuses et variées pour maintenir l'attention pendant son heure centrale. Avant de traîner la patte dans son dernier quart d'heure, dont la conclusion finit au bout d'un moment par se faire désirer. (Et en plus elle est décevante.)
Du coup, bon, assurément un Corbucci mineur – à l'image d'ailleurs de son monothème composé par Morricone –, certes pas formidable ni même sans défaut, mais qui a tout de même pour lui de ne ressembler (à ma connaissance) à aucune autre de ses contributions au genre, sur le fond comme sur la forme. Donc même si je lui préfère sans hésitation ses copains plus véners et baroques que sont, en tête, Django ou El mercenario, probable tout de même que je me rappellerai aussi de celui-ci (et pas pour une raison aussi honteuse que Le Blanc, le Jaune et le Noir). Et si je dois finir par l’oublier un jour, il a en tout cas ma sympathie d’ici-là (qu’est-ce que je suis gentil)…
Prochaine étape : Compañeros !