Je pense que je vais aimer ce film encore plus au deuxième visionnage, cette critique est mon ressenti après la découverte en novembre dernier.
Les comédien(ne)s sont parfaitement choisi(e)s, les dialogues sont ciselés, les personnages hyper-expressifs, ayant de vrais caractères, mais ce sont aussi des êtres sensibles, évoquant le mal-être (ainsi Mae demande à Bill ce que vaut la vie et le fait réfléchir sur la raison pour laquelle il vit) seul et surtout en couple.
Ainsi, parallèlement, Lou, la barmaid du bar à affaire avec son mari – qui est le supérieur de Bill – un type alcoolique, violent
, qui va essayer de tripoter Mae : Bill interviendra en lui cassant la gueule : « Sur le bateau, tu es le chef, mais ici, tu ne vaut rien de plus que moi ! ».
Mais Bill n'est pas le seul à être épris de Mae, il y a également Lou. Et oui, dans ce film de 1928, il y a un sous-texte lesbien qui sera exprimé par un mémorable baiser lesbien ! Lou, soudainement va embrasser Mae sur la bouche, celle-ci surprise, ne la repousse pas.
J’ai vraiment été étonné de voir un baiser lesbien dans un film de cette époque, car si aujourd’hui, c’est banal, à l’époque, ça l’était sans doute moins. Et von Sternberg était visiblement porté par la chose puisque dans un autre de ses films, Marlene Dietrich embrassera une autre femme sur la bouche.
Mais ça n’irai pas plus loin entre les deux femmes dans « Les damnés de l’océan » même si un acte final – que je ne vais pas spoiler – en dit peut être encore plus sur l’attirance de Lou envers Mae.
Outre ce baiser lesbien qui dure juste quatre secondes, « Les damnés de l’océan » est une romance qui fonce rapidement et qui non seulement y va à fond au début mais jusqu’ à la fin !
Évidemment ça se calme une fois que la partie dans le club s’achève. Non seulement von Sternberg sait diriger des comédiens en les laissant visiblement improviser, jusque dans l’excès (Lou est parfois soulante), leur fait balancer des dialogues bien punchys mais sait tenir aussi une caméra. Ainsi, dans un bar avec pas mal de gens, c’est compliqué de faire des mouvements de caméras, pourtant von Sternberg ose, fait des travellings, approfondissant le champ, filme parfois à l’épaule, en gros plan. Le filmage semble spontané, ce qui fait que les comédiens regardent parfois, visiblement, sans le vouloir, directement vers la caméra.
« Les damnés de l’océan » est un must dans le genre de la romance.