Les dorayakis, petites gourmandises joufflues. Douceurs sucrées et rebondies comme les joues de Tokue. On en mangerait, de l'un comme de l'autre. Puis il y a Sen. On se demande comment quelqu'un d'aussi triste peut se lancer dans la confection de ces mignonneries.
Là où Les délices de Tokyo se révèle être une réussite c'est dans la subtilité d'un secret qui se dévoile avec douceur, dans la discrétion d'un sentiment qui se laisse à peine entrevoir.
Sen a un cœur bien trop gros pour sa poitrine. Il ne sait pas quoi en faire. Mais tous ses sourires, ses contrariétés, ses colères restent coincés. Son visage se fait témoin juste le temps d'un instant. La tristesse et la peine, elles, trop lourdes, débordent. Dans ce regard qui nous attirent comme il a happé Tokue.
Les délices de Tokyo nous éclabousse de couleurs et de poésie.Les yeux fermés je revois Wakana et son manteau orange de dos dans ce paysage automnale magnifique. Je revois Tokue, son manteau à carreaux et son bonnet s'émerveiller devant les fleurs de cerisier.
Finalement Les délices de Tokyo fait l'éloge de la douceur et de la poésie. Qu'importe que nous soyons seuls, cabossés par la vie, par cette société qui rejette les travioles.
Bien plus qu'une petite pâtisserie joufflue, les dorayakis rassemblent ces corps maltraités, attirent les cœurs et les yeux, ouvrent une parenthèse. On prend le temps de rêver, de souffler et de se dire que, oui, la vie vaut largement le coup d'être vécue.