Naomi Kawase a changé, a abandonné beaucoup de sa singularité : on perd clairement une certaine aspérité, un sentiment de travail "artistique" provocateur, enthousiasmant parfois, rebutant aussi éventuellement. "An" se situe plutôt du côté du cinéma intimiste, apaisé de Kore-eda, ce qui en soit n'est pas un mal - plutôt une garantie de plaisirs raffinés et d'émotions subtiles - même si pointe ça et là la menace d'un certain conformisme cinématographique. "An" nous narre la rencontre de trois êtres en souffrance, pour des raisons bien différentes (l'une, la lèpre et le rejet qu'elle engendre, étant le vecteur le plus original du film), et qui apprendront - au moins un peu - à se réconcilier avec eux même, et avec la vie en général. Les plus beaux moments sont plutôt dans la première partie du film, entre la sublime floraison des cerisiers et les scènes de cuisine réellement magiques. La seconde partie de "An" frise le mélo conventionnel, et pourra en irriter plus d'un : difficile quand même de ne pas verser quelques larmes, en particulier sur la très belle dernière scène. Il n'y a pas de honte à ça ! [Critique écrite en 2016]