Voir un film de Jean Rollin est toujours une expérience assez hallucinante. Celui-ci se veut « expressionniste » probablement à cause du jeu extrêmement « prononcé » des comédiens, d’une première séquence de presque 20 minutes sans aucun dialogue et d’un « Diable » qui évoque le compte Orlok dans le Nosferatu de Murnau. Le film est aussi influencé par le surréalisme au niveau de la liberté et de la fantaisie de son intrigue. Il est certain que Rollin est un « auteur » au sens déjà où l’on reconnaît immédiatement un de ses films dès les premières minutes. Il y a quelques plans qui sont assez réussis, notamment ceux dans la cathédrale en ruine et ceux de la scène finale avec la marée montante, mais le film souffre tout de même de la nullité de la plupart des comédiens, la palme revenant au capitaine des pirates ainsi qu’à sa compagne, Joëlle Cœur, qui se met le plus souvent possible et sans aucune raison à poil. Il y a aussi plusieurs répliques cultes comme, par exemple, « Tu ne crois pas aux spectres toi ! Tu n’es qu’une chienne ! », et des bizarreries tout à fait incompréhensibles : qui est ce « diable » qui attend enfermé, pourquoi est-il gardé par un clown, etc. ? Le film est vraiment un curieux mélange de films d’auteur un peu expérimental, de films érotiques, de séries Z fauchée d’exploitation (il a d’ailleurs été exploité sous plusieurs titres : Deux vierges pour Satan, Les diablesses et Tina, la naufrageuse perverse).