On pourra dire ce qu'on voudra, mais l'arrivée au début des années 70 du cinéma érotique aura au moins permis à Jean Rollin (alias Michel Gentil) de rencontrer des acteurs qui le suivront dans ses films "classiques" : Joëlle Coeur et Willy Braque ("Les démoniaques") mais aussi Annie Belle ("Lèvres de sang"). En 1974, après s'être refait, notre Jean national décide de concrétiser un projet parmi ses plus ambitieux : "Les démoniaques".
Si le film a bénéficié d'un meilleur budget que d'habitude, les acteurs sont plutôt mauvais. Très mauvais même. Entre John Rico qui surjoue sa race et Willy Braque qui lui, de son côté, en branle pas une, c'est Joëlle Coeur qui assure la meilleure performance parmi ce fourmillement d'acteurs nanars. Dotée d'une beauté ahurissante et d'une malice presque insolente, notre Joëlle n'hésite pas à se déshabiller encore et encore pour le bonheur du spectateur.
Deux rescapées d'un naufrage se font martyriser par une bande de malfrats une nuit. Elles reviennent les hanter. L'histoire est aussi simple que ça. Et malgré la mise en scène parfois un peu maladroite, on a droit à de beaux moments de poésie (comme toujours avec Rollin) comme le passage avec le clown, tout droit sorti de "Requiem pour un vampire" car il est joué par Mireille Dargent en personne (!).
Il sera facile de s'en prendre aux défauts qui font que "Les démoniaques" penche parfois un peu trop du côté du nanar, sans pour autant prendre en considération ses indéniables qualités (la trame, les personnages, la photographie) qui en font un bon film. Malgré sa longue durée (pour le réalisateur j'entends), on ne s'ennuie pas devant ce film à la poésie et à l'érotisme diffus. Un passage obligé pour les amateurs de cinéma bis un minimum curieux et qui cherchent quelque chose à se mettre sous la dent.