Jeux d'enfants

Qu'est-ce que c'est que ce film ? Quand je pense que la bande-annonce m'avait laissé augurer un It Follows like....Je ris de ma méprise. Mais peut-être devrais-je en pleurer ?

Je me suis TELLEMENT ennuyée en matant ce film que, malgré des qualités certaines - de mise en scène et esthétiques- je suis contrainte de me venger en le sous-notant. Désolée. Pourtant dieu sait si le cinéma québécois me parle et me plaît de manière générale, mais là non : pour moi, c'est clairement du foutage de gueule.

Le réalisateur se prend pour Haneke (les plans larges sur la cour de récréation rappellent Caché), mais son scénario tient sur un timbre-poste. Il étire donc les scènes, allonge, allonge les plans séquence qui, s'ils sont beaux, sont quand même immensément ennuyeux. On attend que quelque chose se passe, que le film bascule, qu'il prenne enfin le virage et cesse ses allusions pour choisir vraiment de nous embarquer dans quelque chose de fort....

Et puis non.

Alors on m'avancera sans doute que c'est de la finesse, de la subtilité.
Sans doute, mais ce n'est pas un prétexte pour broder sur du vide, pour ne rien dire.
On comprend en gros que le gamin s'interroge sur sa sexualité - j'ai un moment cru qu'on allait me resservir du Mysterious skin, et franchement ça ne me tentait guère. Que les adultes sont violents (s'engueulent, tuent). Que les jeux d'enfants sont innocents (éclaboussages dans les toilettes, grimpages intempestifs sur les plus grands...). Qu'il y a de la fascination et de la peur. Mais qu'aucune piste ne va vraiment jusqu'au bout, à mon grand regret. Aucun parti-pris du réalisateur.

Deux points positifs - mais qui ne suffisent pas à sauver le film, malheureusement :

• La photo est très belle, il faut bien l'admettre. Couleurs douces et solaires, avec un voile pastel poétique qui met bien en valeur les décors.




• La bande-originale est magistrale, pleine d'accords intenses. La scène de la course d'orientation, le moment où enfants et moniteurs convergent vers la clairière sur fond de musique symphonique m'a clairement fait penser à un opéra en pleine nature. Le spectateur est nettement embarqué par les sons, une menace semble planer....qui n'est en fait qu'un leurre puisque rarement la tension ne s'incarne en quelque chose de véritablement tenu sur la durée.

Il y a aussi des instants liés au conte, aux prédateurs qui guettent les petits enfants, qu'on guide dans les bois pour les manger tout cru, sans autre forme de procès (d'ailleurs le coupable n'est jamais appréhendé).

Bref, une immense déception pour un film si prometteur, dont j'attendais tant....Quel dommage !