Démons ?
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Décidément, la sélection cannoise de l'an 2000 s'affirme avec le temps comme l'un des meilleurs crus de l'histoire du festival. Récompensé du Grand Prix par le jury de Luc Besson, Les Démons à ma Porte n'a pourtant pas profité de ce tremplin mérité. Distribué dans un réseau de salles riquiqui, puis peu à peu sorti des mémoires, c'est peu dire que le deuxième long-métrage de Jiang Wen n'a pas connu en France l'exposition qui lui est dûe.
Avec ce film, on assiste pourtant à l'éclosion d'un grand cinéaste et à la cofirmation d'un grand acteur. En prenant pour cadre un village du Nord-Ouest de la Chine occupée durant les derniers mois du conflit sino-japonais en 1945, Jiang Wen, qui s'est également donné le rôle principal, étudie avec une intelligence rare les effets de la guerre sur les hommes. Comment la peur, l'ambition, la bêtise ou le désespoir les amène à prendre les mauvaises décisions, que ce soit dans un camp ou dans l'autre, chez les civils autant que chez les militaires.
Ce qui surprend en premier lieu, c'est le recours quasi-constant à l'humour pour désamorcer la tragique absurdité de la situation, à coups de rebondissements hilarants et de personnages désopilants. Pour tout dire, on rit même énormément. Peut-être au détriment de l'émotion, mais pas au détriment de la sensibilité, Jiang Wen adoptant un regard intensément humain sur ses antihéros. Sa caméra vive, sur ressorts, reste constamment au plus près des personnages et vibre au diapason de leurs tourments, bien aidée par son noir et blanc incandescent et un montage ardent, aussi exténuant que les joutes verbales des protagonistes.
Loin des manières auteuristes dont le grand public taxe les sélectionnés de la grand-messe cannoise, Les Démons à ma Porte fait au contraire office de (très) grand film populaire avec son message simple, juste, ô combien pertinent, qui résonne avec une terrible ironie sur le visage de Ma Dasan dans ce sublime plan final. La Palme d'Or n'était pas loin...
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le 14 mars 2017
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