Les Démons du maïs 3 - Les moissons de la terreur par pierrick_D_

Film pop-corn.Au commencement était une nouvelle du célébrissime Stephen King,le pape de l'horreur littéraire,publiée dans le recueil "Danse macabre".Une première adaptation en a été faite en 84,et la série compte à ce jour dix unités au compteur.Ces films ont connu un certain succès aux USA mais n'ont jamais été distribués dans les salles françaises.Ils ont cependant été d'importants hits vidéo dans l'hexagone.Il y est question d'enfants ruraux maléfiques inféodés à une entité diabolique qui hante les champs de maïs et incite les gosses à massacrer les adultes.Ces histoires de mômes tueurs ne datent pas d'hier et semblent trouver leur origine dans "Le village des damnés",de Wolf Rilla,sorti en 1960.Si les deux opus précédents étaient assez médiocres,ce troisième épisode relève le niveau de la saga en jouant sur la délocalisation,l'action se déroulant ici à l'intérieur d'une grande ville.Deux orphelins de la campagne sont adoptés par un couple aisé de Chicago.Les nouveaux parents sont des crétins béats incapables de procréer qui préfigurent les bobos d'aujourd'hui,mais ils vont vite déchanter face à leur pseudo progéniture.L'aîné des garçons,Joshua,le genre 16-17 ans,est très cool et s'adapte bien à sa nouvelle vie.Par contre le petit Eli,environ une douzaine d'années,est un asocial carrément flippant et doté de pouvoirs surnaturels qui est l'apôtre du démon du maïs.Le gamin va foutre un boxon parfaitement jouissif dans son environnement.Il plante une étrange variété de maïs qu'il commercialise avec l'aide de son papa,lequel est,ça tombe à pic,courtier spécialisé dans la vente de céréales.Il terrifie sa jolie maman et va même jusqu'à lui fourrer une langue dans l'oreille.Il fout le feu à l'assistante sociale.Il donne des cauchemars au curé qui dirige son collège.Le fils idéal,quoi.Pour finir,il fonde une secte dans laquelle il enrôle tous ses camarades de classe,afin d'en faire les instruments du grand soir.Tout ça est drôlement horrible et horriblement drôle.C'est d'ailleurs là la prouesse du film,trouver cet équilibre entre l'épouvante sombre et stressante à la "Shining" et la guignolade parodique.Par conséquent,le spectateur peut se marrer tout en suivant l'histoire avec intérêt.En plus,il y a du fond.Eli,un nom de prophète,développe au profit du Démon des théories à la fois ultra-religieuses et radicalement écologistes.Est-ce une manière de dire que les deux intégrismes,religieux et écolo,sont l'oeuvre du Diable?C'est plus ambigu que ça en réalité,car le discours du gamin n'est pas dépourvu de pertinence.Il est clair que l'Homme,de par son activité prédatrice,détruit la Nature,et il est par conséquent logique de considérer son élimination,du reste inéluctable, comme bénéfique.Mais ce désir de purification,le film le montre bien,contient les germes du totalitarisme.Pourquoi tuer tous les humains,sans discernement?Et quid de ces enfants qui,une fois débarrassés des adultes,deviendront à leur tour des adultes?Moralité,méfions-nous des idéologies excessivement "morales".Le réalisateur James D.R. Hickox est un inconnu qui l'est resté,mais il est le fils de Douglas Hickox,à qui le film est dédié,et le frère d'Anthony Hickox,qui est ici co-producteur.La photo est signée du futur cinéaste Gerry Lively,mais c'est surtout la présence en tant que responsable des effets spéciaux de l'immense Screaming Mad George qui tire l'entreprise vers le haut.Les SFX sont d'une qualité surprenante pour une série B de cet acabit et les nombreuses scènes gore,très réussies,contribuent largement à l'ambiance destroy qui irrigue le film.Dommage que la fin soit ratée,avec le classique happy-end suivi du non moins inévitable rebondissement à l'ultime image.L'interprétation est dominée par le stupéfiant Daniel Cerny,enfant acteur qu'on ne reverra plus par la suite et qui se révèle franchement inquiétant en dictateur en herbe totalement décomplexé.A noter la petite apparition du chanteur Johnny Legend,à ne pas confondre avec John Legend,et celle quasiment subliminale,d'une débutante nommée Charlize Théron.