Jess Franco a consacré trois films à l’Inquisition : Le Trône de feu (1969), Les Démons (1972) et Lettres d’amour d’une nonne portugaise (1977), films dans lesquels on retrouve un même personnage historique, l’inquisiteur Lord Jeffreys (interprété par Christopher Lee dans Le trône de feu). Les Démons qui nous occupe ici est un film d’exploitation typique, catégorie « Nonnesploitation » d’une part, film fantastique d’autre part puisque l’originalité du film est que les sorcières sont de véritables sorcières disposant de pouvoirs surnaturels, et ce malgré une critique du caractère scandaleux et arbitraire de l’Inquisition. Les Démons surfe manifestement sur le succès commercial du film de Ken Russell, Les diables, réalisé un an plus tôt. On sent bien que le budget est assez serré mais cependant un peu plus confortable que d’habitude ce qui permet une certaine reconstitution historique (peu rigoureuse) avec des costumes, ainsi qu’un format scope. Malgré des imperfections, Les démons est plutôt un bon cru et son aspect roman-feuilleton avec de multiples rebondissements le rend assez agréable à suivre. La musique très rock psychédélique des années 70, a priori peu adaptée à ce genre de film historique, donne au final un caractère assez décalé à l’ensemble. Le film n’est pas pornographique mais les scènes érotiques sont nombreuses, essentiellement sur le thème du lesbianisme cher au réalisateur. La scène d’anulingus pratiqué par Karin Field sur la personne de Britt Nichols est restée célèbre. Artus film nous propose ici le film dans une bonne copie et dans son montage intégral non censuré de près de deux heures mais, malheureusement, uniquement dans la version française dont le doublage « est fort médiocre et massacre, à plusieurs reprises, l’impact de dialogues fort beaux à l’origine » selon le spécialiste du « Maître », Alain Petit.