L'ignorance d'un enfant face à ses peurs. L'ignorance en moins, mais les peurs sont intactes.
Je ne sais par où commencer, mais je réfléchis déjà à la manière dont je vais finir cette critique. Vous savez, pour certains il y a des films inoubliables, qui restent gravés dans un endroit de la tête et dont il est difficile de se détacher. Ca peut être des films qu'on juge bon ou mauvais. Peu importe, ils sont là, et font appel à notre subconscient.
Les Dents de la mer, ou Jaws si on veut un titre moins long, m'a marqué. Profondément. Et je pèse sincèrement mes mots. Au-delà du film, de ce qu'il est (et je risque d'ailleurs de m'en éloigner, honteux comme je suis)... Pendant de nombreuses années de mon enfance j'ai eu peur de la mer. J'en ai eu la chair de poule rien qu'à l'idée d'y penser, d'y mettre mes petites pattes. C'est à peine si je pouvais supporter les douces vagues qui me titiller le bas du corps, je me contentais d'innombrable grains de sel.
Cette bête féroce venue des mers et qui bouffent tout. Voilà comment on me l'a présenté. Il y a un bateau ? Elle le bouffe avec les humains dessus. Quand on me disait "mais allez, vas-y, monte, tu ne crains rien ici", je n'y croyais pas une seconde. J'avais ce regard entre le doute, la peur et l'énervement. Tout ça à la fois. Comme si celui qui voulait me faire monter sur un transport marin était un complice des requins. Un des leurs, et qu'il voulait m'amener à eux pour que je leur serve de casse-croûte.
Mon ressenti est biaisé, j'en ai bien peur. Je ne porte pas de jugement sur les acteurs, ni sur la trame en elle-même. Non, juste le requin. Ce rapport entre lui et moi.
On est en 2013 (quôa ?!), mais quand je me remémore les événements de Jaws, je me resitue une dizaine d'années plus tôt, visionnant pour la première fois l'oeuvre terrifiante de Spielberg. Visuellement et techniquement, cela a peut-être pris de l'âge, les mauvaises langues osent même émettre l'aspect "ringard", mais ce qui est sûr, c'est que son impact est toujours aussi fort auprès de moi. Le bruit retentissant d'un gros poisson carnivore que je n'oublierai jamais, tout comme son imposante corpulence devant laquelle je me pliais en deux.
Ma note est de 6/10, mais ça je n'y prête pas attention, précisément pour ce long métrage.
Après tout, qui sommes-nous pour mettre des petites étoiles à un tel film ? Drôle d'époque !
Les monstres de Jurassic Park m'avait éprouvé de la fascination. Jaws, de la frayeur. Presque une décennie que je n'ai pas été dans les profondeurs de ses eaux troubles.
Je reprends mon souffle, un instant, et je jure de retenter le grand plongeon.