Le ciel, le soleil et les Dents de la Mer.
Quatrième long métrage de mister God of Entertainment, Les Dents de la mer enregistre le premier succès phénoménal de son réalisateur. Si Firelight faisait preuve d’une grande maturité cinématographique malgré les 17 ans au compteur de son auteur, la petite histoire dit qu’entre ce qu’il a coûté et ce qu’il a rapporté, le bénéfice net s’élevait à UN dollar. Duel, bien que monté pour la télévision (commande d’Universal alors qu’il vient de s’y faire embaucher) a été tourné avec des moyens cinéma et montre déjà tout le talent du jeune homme. C’est après le succès très modéré de Sugarland Express que Spielberg décide de titiller les angoisses collectives en adaptant JAWS, le roman de Peter Benchley. Pas vraiment d’horreur, ni fantastique, ni block buster, mais un peu de tout ça. Savant équilibre entre un scénario très cliniquement développé, des acteurs talentueux et une musique toute dévouée à l’image, Les Dents de la Mer dévoile déjà tout Spielberg : une imagination extraordinaire et une formidable capacité à tirer le meilleur de tous les talents réunis autour d’un projet.
Et le plus important : Steven Spielberg décloisonne enfin le film de genre pour créer ce qui fera sa signature : des thrillers d’angoisse hybrides, hautement divertissants, et ouvrant à des possibilités de mise en scène illimitées. Alors oui nos yeux blasés verront bien les subterfuges plastiques de ce terrifiant monstre mangeur d’hommes, mais le film n’en reste pas moins une légende, un modèle du genre qui grave les codes d’un nouveau cinéma et qui positionne définitivement Steven Spielberg comme une source d’inspiration inévitable, un peu comme Welles l’avait fait avec Citizen Kane.