Alors que les films catastrophes étaient à la mode, Steven Spielberg réalise une variante du genre, où un requin assoiffé de sang menace une paisible station balnéaire. En résulte "Jaws", qui fit un énorme carton en 1975, contribuant à mettre fin à la vague du Nouvel Hollywood, pour amorcer un modèle de blockbuster plus commercial et plus efficace.
Toutefois, il serait criminel de ne voir en "Jaws" qu'un film à succès. Car Steven Spielberg se dévoile ici en metteur en scène inspiré, apportant une certaine subtilité à l'intrigue ou les personnages (on est loin des clichés du film catastrophe), et surtout distillant parfaitement l'angoisse (en particulier dans le dernier acte). Pour cela, il s'appuie essentiellement sur le suggéré, ne dévoilant le requin que petit à petit, et exploitant à merveille la célèbre BO de John Williams. Sans compter des protagonistes haut en couleur, dont le pêcheur excentrique interprété par un Robert Shaw très en forme. Un classique, qui a peu vieilli, même dans les trucages autour du requin.