Film charnière de l’histoire du cinéma, considéré comme le premier véritable blockbuster américain, ces Dents de la mer de Steven Spielberg mérite vraiment tous ces honneurs.
Ce que j’apprécie le plus dans ce film d’épouvante culte, c’est l’intelligence de l’histoire, qui ne se contente pas de raconter la tragédie de baigneurs qui se font bouffer par un requin, mais le discours politique, simple, mais efficace, qui présente les tensions entre le chef de la police, qui souhaite fermer la plage à la baignade suite aux attaques du requin, et le maire de la ville, qui ne veux pas passer à côté de la saison estivale, et tout ce que leurs choix et compromis impliquent pour eux. Aussi le suspense et l’action du film reposent sur le ressort du « qui mourras ? qui ne mourras pas ? », toujours aussi efficace.
Je regrette des effets spéciaux un peu vieillissant, non pas qu’ils ne fassent pas leur job de trompe-l’œil, mais le pantin articulé du monstre manque de naturel, et on peine à retrouver un comportement de requin normal, par exemple lorsqu’il sort sa tête de l’eau et tente d’accueillir dans sa gueule ce pauvre Quint. Un manque de réalisme décevant, mais qui ne gâche en rien l’intensité de l’action. Aussi, la scène finale est folle. J’adore.
Les acteurs sont juste géniaux. J’adore le casting et tout particulièrement Richard Dreyfuss. Ce n’est pas que je le trouve exceptionnel, mais j’aime bien son style et son allure tout simplement (et particulièrement dans ce film).
Les autres aspects de l’œuvre sont très soignés, la réalisation exemplaire, qui nous offre des scènes un peu kitsch, mais tellement culte, la musique inoubliable, l’ambiance d’horreur estivale, qui inspirera tant d’autres films du genre, et bien sûr le suspens, terriblement efficace, grâce à un requin que l’on devine plus que l’on voit lors de la première partie, et qui nous prouve que la véritable horreur n’a pas de visage.
J’adore ce film, presque parfait, et pourtant ce n’est pas mon genre de prédilection.