Steven Spielberg ne pensait surement pas réaliser, en 1975, un film à la postérité aussi longue, considéré par beaucoup comme le premier film d'horreur.
Et pourtant, si le film à aujourd'hui un peu vieilli (quoique que le requin animatronique soit toujours aussi impressionnant !), on ressent toujours de vrais frissons et de vrais sursauts au visionnage, rendus possibles par une caméra immersive d'une grande intelligence.
Mais à mon sens Spielberg réalise un film bien plus intéressant qu'un simple film d'horreur.
Dans sa seconde partie, un peu trop longue et répétitive, il concentre son action sur trois personnages, virils, dont il filme l'intimité, proche de celle des marins militaires de films de guerre, et ne prend plus que l'horizon et le petit bateau pour décor. On est plus dans un film d'aventure, de chasse à la bête.
Le film est aussi intéressant par l'analyse psychologique qu'il propose. Les Dents de la Mer réalise un tour de force ; faire de son héros un froussard, en somme un faux héros, qu'interprète avec malice et ironie Roy Scheider. De plus Spielberg constate avec une distance qui en dit long les effets humains de la panique et s'amuse à distiller chez son spectateur une paranoïa qui nous renvoie aux stades des moutons décérébrés dont on se moque. Si la musique, célèbre, participe à cette paranoïa, elle reste, en dehors des moments de frayeur, assez maladroite et même ridicule par moment.
Mais il en reste que ces Dents de La Mer sont un fameux divertissement, de grande qualité, honnête et intelligent qui préfère, à une réelle conclusion, un final pour le moins explosif !