Ce deuxième volet de la saga Les Dents de la mer est loin d'être honteux, il s'offre le luxe de rembaucher Roy Scheider dans son rôle de lanceur d'alerte qui essaie de sauver une ville à lui tout seul, il reste efficace malgré sa durée abusive (presque deux heures... c'est bien trop long), copie quelques scènes du premier film (lorsque toute la plage court en tous sens après l'alerte du garde-côtes), mais veut aussi s'en différencier par un changement radical de motif d'effroi. Ici, on montre la bébête, sans arrêt. Pas question de reprendre l'atout du film de Spielberg, à savoir la puissance horrifique de la suggestion, du monstre caché, des deux notes de musique et du point de vue interne au requin qui nous faisaient transpirer sans avoir encore rien vu. Mais si cela enlève beaucoup au charme du film, on ne peut pas dire que l'épouvante n'y soit pas, car le requin est plutôt bien fait, et le voir balancé sur les acteurs a quelque chose d'assez spectaculaire, effrayant, jouissif. Ce deuxième opus s'amuse beaucoup avec son monstre de carton, mais nous embarque dans son délire régressif et méchant, alors on ne boude pas son plaisir, surtout lors de la confrontation finale qui
met à mal une bande d'ados (ils en prennent plein la tête) et un duel "électrique" qui est copieux en pyrotechnie.
Vraiment, si l'on sent le fossé, ou plutôt la Fosse des Mariannes, qui sépare cet opus du chef-d’œuvre de Spielberg, on ne peut pas dire qu'il passe pour un navet ou un nanar, tant il s'applique à être généreux avec son spectateur. Enfilez vos palmes, et retournez barboter, ce deuxième opus a encore faim.