Mineur mais réussi.
Ce film est certainement la meilleure surprise du coffret « Bad girls » édité chez Bach films. Réalisé par Bernard Vorhaus et Edgard G. Ulmer, ce dernier n’étant pas crédité au générique bien qu’il...
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le 6 août 2019
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Comme l'indique l'affiche française lors de sa sortie en décembre 1950, Les Dépravées s’orthographie au féminin puisque le film se déroule au cœur d'une école de redressement pour adolescentes. Le présenter ainsi au masculin sur SC reste totalement paradoxal.
Petite production tournée en 10 jours, Les Dépravées n'est ni plus ni moins que le pendant américain de l'excellent Au Royaume Des Cieux, réalisé un an plus tôt par Julien Duvivier avec Suzanne Cloutier, Suzy Prim et Serge Reggiani dans les rôles principaux. Des adolescentes au destin compliqué (et pas forcément délinquantes) subissent la rude discipline imposée par la direction d'une école censée aider ces demoiselles égarées, orphelines ou fugueuses. Un psychiatre fraîchement débarqué au sein de l'établissement remarque, à travers l'attitude des filles, que rien ne tourne rond dans le fonctionnement de cette école pas comme les autres...
D'abord réalisé par Bernard Vorhaus, qui doit abandonner le projet et s'exiler en Europe en se voyant brusquement blacklisté par le maccarthysme ambiant, le film fut arrangé et achevé par le talentueux Edgar G. Ulmer, non crédité au générique. Un plus providentiel qui offre une indéniable qualité à une œuvre qui serait certainement restée mineure sans cette attribution. Également doté d'un casting surprenant, dont Paul Henreid, très réputé depuis sa révélation dans le célèbre Casablanca de Michael Curtiz et qui accepta de participer à ce minuscule projet moyennant l'acquisition de 50% des bénéfices. Il avouera bien plus tard que ce fut la décision la plus lucrative durant sa carrière de comédien. À ses côtés, la débutante Rosita Romero qui deviendra mondialement célèbre 11 ans plus tard sous le nom de Rita Moreno, inoubliable Anita dans le West Side Story de 1961 et qui incarne ici une adolescente rêveuse et solitaire. Et puis la révélation du film, Anne Francis, 19 ans à l'époque du tournage, déjà aussi sublime que charismatique dans le rôle de la colérique Loretta et qui fera fantasmer la plupart des hommes aux quatre coins du globe 6 ans plus tard dans Planète Interdite. Un casting hors pair sélectionné par Paul Henreid lui-même et où s'ajoute Anne Jackson qui deviendra une véritable star sur les diverses planches de Broadway et accessoirement l'épouse d'Eli Wallach.
Véritablement transcendé par la finalisation artistique d'Edgar G. Ulmer, Les Dépravées sort immanquablement du lot de ces films fauchés essentiellement conçus pour des projections dans les drive-in. L’œuvre fut distribuée dans de nombreux pays et reste l'un des premiers films U.S à relater les conditions inhumaines vécues au sein d'établissements spécialisés dans la rééducation d'adolescentes. Avec sa responsable sadique et ses jugements de valeurs artificiels face aux malchanceux destins pouvant s'abattre sur certains parcours existentiels, le métrage fait figure de document sociologique quant à cette période et à l'importance d'aide psychologique pour se reconstruire et trouver sa propre voie. Un bien joli film.
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Créée
le 1 sept. 2023
Modifiée
le 26 nov. 2024
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