Quand le cinéma-vérité de P.Schoendoerffer (''La 317e Section'') ou encore celui d'E.Zonca ("Soldat Blanc"), s'immisce dans la guerre par le biais d'un véridique et extraordinaire récit digne de ''Onoda, 10.000 nuits dans la jungle'' d'A.Harari, l'objet s'intitule ''Les Derniers Hommes''. Indochine, 9 mars 1945. 2 mois avant l'armistice de la Seconde Guerre mondiale, l'armée japonaise attaque simultanément toutes les positions françaises. Trois mille soldats seront massacrés. Quelque part à l'écart du conflit, un groupe de légionnaires inaptes au combat surnommé la "drink compagnie" attend la fin des hostilités. Alors que les ordres de l'état-major sont de quitter la zone devenue hostile pour rejoindre un poste fortifié près de la Chine, le groupe hétéroclite sous les ordres de l'adjudant Janiçki (A.Chyra) se met en marche forcée. Acculé par l'ennemi, la section s'enfonce inexorablement dans la jungle lors d'une fuite en avant mettant les corps et les esprits à l'épreuve. Cet époustouflant road trip guerrier tourné à hauteur d'homme nous cueille dès les 1ères minutes grâce à son étonnant casting de gueules quasi-inconnues. En effet, aucune star ne viendra parasiter le film de David Oelhoffen ("Loin des Hommes"). Ainsi, le spectateur s’embarque - vierge de tout à priori - avec ces soldats fatigués pour un périple désespéré. Très vite, à l’instar de “L’ennemi intime”, le film de Florent-Emilio Siri, les tensions entre les hommes - notamment Lemiotte (Guido Caprino), un légionnaire d’origine italienne - se font de plus en plus pressantes. Durant environ deux heures, “Les Derniers Hommes” déploie son propos antimilitariste sans jamais tomber dans une chasse aux sorcières anti-colonialiste, comme il est de bon ton d'asséner à tout va aujourd’hui !