Impossible en regardant Two Rode Together de ne pas faire le rapprochement avec The Searchers dont il reprend le thème de l’enlèvement des blancs par les indiens et qui met en scène avec brutalité le racisme envers les indiens. Mais alors que The Searchers se concentrait sur l’enlèvement d’une petite fille, ici il s’agit de retrouver plusieurs blancs enlevés au cours des vingt dernières années par les Comanches. Le film se déroule en une succession de séquences qui alternent le ton humoristique, voire burlesque et le ton grave, voire tragique. Le film s’ouvre par la présentation sur un ton léger des deux personnages principaux : un shérif familier des Comanches : Guthrie McCabe (James Stewart) et le Lieutenant Jim Gary (Richard Widmark), ami du shérif. Leur petit dialogue au bord d’un cours d’eau tandis qu’ils sont en route est impayable. James Stewart par ses mimiques et sa diction unique a le don de faire sourire !
Après cette séquence on entre dans le vif du sujet et se succèdent : la présentation de la mission : faire un traité avec les Comanches pour récupérer les blancs enlevés ; la présentation des familles dans l’attente depuis des années de retrouver leurs proches, chacun avec des histoires différentes mais toujours douloureuses ; la rencontre des Comanches ; le retour au camp avec quelques blancs et la réaction des familles qui n’est pas à la hauteur de la force de leur attente et qui laisse éclater plus que jamais la profondeur du racisme et surtout le rejet de l’autre à travers sa culture et simplement sa différence car en l’occurrence, ceux qu’ils accueillent sont des leurs…
Si Two Rode Together offre un portrait cruel et négatif des Comanches il n’offre pas davantage un portrait glorieux des blancs : de leur bien-pensance, de leur hypocrisie, de leurs jugements ; de leurs commérages ; de leur esprit de supériorité exécrable !
J’ai suivi avec intérêt Tow Rode Together mais sans être saisie comme je le suis par d’autres westerns de Ford. Il y manque un souffle ainsi que les larges panoramas auxquels Ford nous a habitués. Le scénario est aussi un peu faible : la récupération des blancs se fait somme toute très facilement. Le chef Stone Calf qui débarque tout à coup tout seul est vite éliminé. On peut donc se demander pourquoi cela a demandé tant d’années pour parvenir à retrouver et ramener ces personnes enlevées ! Il semble que Ford ait surtout eu à cœur de mettre en scène le racisme des blancs et se soit moins préoccupé de la partie concernant les indiens.