"Les diables de Guadalcanal" est une "œuvre de commande". Semble-t-il, Howard Hughes, patron de la RKO, avait envie d'un film à la gloire des marines et Nicholas Ray en délicatesse avec les comités maccarthistes en 1951 s'est empressé de faire ce film qui ne pouvait que plaire…
Oui, parce qu'on est loin des belles réalisations de Nicholas Ray. Le scénario, classico, raconte la vie d'une escadrille "the wildcats" chargée de soutenir les efforts de l'infanterie dans la reconquête des îles ou encore dans la lutte contre les avions kamikazes. Oui, parce que j'ai oublié de le dire, ça se passe pendant la deuxième guerre mondiale dans le Pacifique.
Donc la vie d'une escadrille avec la typologie complète des militaires qui va du truand au cow-boy en passant par le froussard, le timide, l'indien ou la grande gueule. Tiens, je n'ai pas vu de noirs mais j'ai peut-être oublié… Le commandant est un dur intransigeant (John Wayne) qui est assisté d'un second (Robert Ryan) beaucoup plus sympa et empathique avec la troupe. D'ailleurs "on" a refusé à ce dernier de prendre en charge l'escadrille car "on" a estimé que sympa et efficace, ça n'allait pas ensemble. Mais, au risque de spoiler, à la fin, suivant les bons conseils de sa hiérarchie, il devient dur et intransigeant et reçoit, comme de juste, le commandement de l'escadrille. Bien.
A la fin, tout se termine sur le drapeau américain qui se déploie dans le ciel bleu. J'en avais la larme à l'œil, ai failli me lever de mon fauteuil pour me mettre au garde-à-vous mais tout va bien …
Que dire de la mise en scène sinon qu'elle n'est vraiment pas terrible car des extraits d'actualités sont plus ou moins bien intégrés au film. Même la couleur ne parvient pas à masquer les insuffisances dans les combats aériens où on a du mal à reconnaitre qui est japonais ou qui est américain. Heureusement les avions japonais sont blancs avec le point rouge. Le scénario a même prévu la petite séquence "émotion", au milieu du film, avec le retour inopiné de John Wayne, sans prévenir, à la maison où il retrouve sa femme qui n'a pas eu le temps d'aller chez le coiffeur et le petit garçon, fier comme Artaban de son héros de papa qui en profite pour obtenir le droit, exceptionnel, j'espère, de bouffer du chocolat en pleine nuit.
Que dire du casting ?
John Wayne dans un de ses pires rôles en chef intransigeant voire même blessant quitte à repasser derrière avec la pommade. Ça c'est du management ou je ne m'y connais pas ; mais honnêtement, le rôle de John Wayne n'est pas pire que celui de Eastwood dans "le maître de guerre" qui est mon rôle maître-étalon en la matière. Donc tout va bien.
Robert Ryan qu'on voit régulièrement sourire et faire des blagues est presque à contre-emploi. Un peu inexistant, quand même. Dire que j'allais oublier le plus beau ! A la fin, Robert Ryan qui a - enfin - reconnu la bonne méthode managériale pour envoyer les mecs au casse-pipe, est tellement content d'avoir son escadrille qu'il propose à John Wayne de se prendre une bonne cuite après la guerre. Là, j'ai franchement trouvé ça très fort et vaudra 1 point sur la note finale.
Non, finalement, le seul acteur qui est pas mal dans ce film, c'est Jay C. Flippen, dans le rôle d'un sergent fourrier, démerdard pour trouver du matos en allant le piquer chez les artilleurs, le tout sous l'œil bienveillant de John Wayne. Il fera tant et si bien qu'il finira le film seconde classe. Faut quand même rester un peu moral. C'est la séquence et le personnage "comique".
Au final, c'est un film où j'ai failli m'endormir malgré les tacatac incessants des armes. C'est un film qu'on peut ne pas voir … Je me propose 2 comme note plus 1 (pour le coup de la cuite)