En revoyant ce film, je pensais remonter un peu ma note, et puis finalement, je garde ma note à 6/10 malgré de bonnes scènes ; mais c'est un film de guerre conventionnel qui reprend le cliché de l'officier dur et sévère qui se heurte à un autre officier plus humain (mais un peu laxiste), et dont les hommes finissent par reconnaitre les mérites et l'utilité. Film très patriotique, il a l'aspect propagandiste des films de guerre qui correspondait à l'attente du public de l'époque, chargé d'une naïveté et d'un enthousiasme proche d'une imagerie d'Epinal, le sujet est un peu moins sérieux que dans Iwo Jima où John Wayne incarnait déjà un type d'officier intraitable très semblable. On ne peut guère reprocher aux Américains ces travers patriotiques vu que la guerre du Pacifique les concerne directement.
Tout l'intérêt consiste en fait, à montrer que Wayne est davantage taillé pour le commandement car il a une plus grande force de caractère que son rival incarné par Robert Ryan qui s'embarrasse de scrupules lorsqu'il envoie des hommes à la mort. C'est un rôle qui correspond aussi à ce que le public de 1951 attendait de lui. Wayne et Ryan son parfaits dans leurs rôles, ils sont beaux comme des avions et parviennent à donner une crédibilité à l'opposition de ces 2 officiers que la guerre va soudain confronter aux mêmes responsabilités. Les 2 autres rôles marquants sont ceux de Don Taylor et Jay C. Flippen qui amènent une certaine fantaisie dans cette rivalité.
On peut se demander ce que Nicholas Ray est venu faire dans cette aventure militaire qui n'avait pas grand chose pour l'intéresser, car on n'y reconnait guère sa patte de réalisateur. Mais il faut savoir que le film est plus l'oeuvre de Howard Hughes, alors patron de la RKO, qui a eu dessus une emprise totale ; Ray n'a donc pas eu la liberté de manoeuvre et a dû vraisemblablement respecter un ancien contrat avec la magnat qui s'est arrangé pour extraire toute velléité artistique de son réalisateur, de même qu'il a versé un gros cachet à John Wayne pour que son personnage soit dominant face à celui de Robert Ryan. Ceci n'empêchera pas les 2 acteurs de se retrouver lors d'une petite scène amicale plus tard dans le Jour le plus long.
Une autre raison qui fait que je conserve ma note initiale est que je n'aime guère les films d'aviation pendant la guerre, je trouve que le sujet tourne vite en rond et n'offre pas trop de surprise ; le paradoxe c'est que ce film me rappelle énormément la série Têtes brûlées avec Robert Conrad, qui plus de 20 ans après, reprendra un sujet très similaire et certains caractères de personnages de l'escadrille, en montrant parfois de façon plus dure la cruauté de la guerre. Je n'en étais pas fan mais j'appréciais cette série. Mais dans le cas présent, les Diables de Guadalcanal possède le charme des films de guerre à l'ancienne, et se démarque par un scénario bien conduit et des personnages étoffés, avec une vraie dimension psychologique.