Les Apaches racontent qu’un homme aperçut un faucon, à son réveil. Il partit à tout jamais. A sa mort, sa femme, chez les esprits lui demanda pourquoi. Il dit : parce que le faucon continuait à voler.
Ce western récent réalisé par Ron Howard a été pour moi une belle surprise. Un western psychologique d’action, sans mièvrerie, sans romance venant diluer l’histoire ; un western âpre, rude, brutal, violent qui offre tout en même temps de l’émotion et de magnifiques plans contemplatifs. C’est certainement ce dosage bien équilibré entre action, contemplation, interactions des personnages que j’ai particulièrement apprécié.
The Missing comporte deux axes narratifs :
la relation ultra tendue entre Magdalena (Cate Blanchett) qui retrouve son père, Samuel Jones (Tommy Lee Jones), 20 ans après qu’il l’a abandonnée avec sa mère et qui a adopté la vie des Chiricuahas
l’enlèvement de l’aînée de Magdalena destinée à être vendue au Mexique avec un groupe de captives.
Magdalena n’a d’autres choix que de partir à la recherche de sa fille avec l’aide de ce père haï… Cette relation blessée est bien rendue sans que le film ne s’appesantisse plus que nécessaire dessus. Et nous pouvons ainsi profiter de cette quête acharnée les entraînant à travers une nature hostile, prête à se déchaîner à chaque instant. La caméra tire bien partie des paysages arides du Nouveau Mexique et de sa lumière. Plusieurs plans en plongée mettent en valeur la petitesse de l’homme ou les chevauchées puissantes dans ces vastes paysages.
Un autre personnage mérite d’être signalé, celui de El Brujo, le chaman qui accompagne les ravisseurs. Un personnage bestial et terrifiant. Ce western propose des séquences autour de la pratique du chamanisme. Cela confère à l’histoire une ambiance particulière. Outre les scènes d’action, les personnages ont à se battre avec des forces invisibles. Ainsi, lors d’une belle et saisissante séquence, El Brujo d’un côté et Samuel Jones – de son nom indien : Chaa-duu-ba-its-iidan – de l’autre, mènent un combat à distance pour enlever ou sauver la vie de Magdalena.
Dans cette histoire, chaque personnage a sa place et son importance, y compris les personnages secondaires comme Dot, la fille cadette de Magdalena, fascinée par ce grand-père indien dont elle fait la connaissance, ou bien les Chiricuahas qui se joignent à cette petite troupe pour tenter de sauver eux aussi une jeune indienne faisant partie des captives.
Ron Howard se montre décidément capable de réalisations très diversifiées. Ce western mériterait d’être mieux connu par les amateurs du genre et davantage apprécié. Il a le mérite de s’inscrire dans le genre du western tout en en offrant une approche originale qui ne le dénature pas.