Dans le pensionnat de St Agil, avant guerre, des enfants jouent et rêvent. Certains se voient partir. Vivre de grandes aventures, des voyages au long cours. On parle de l'Amérique. Qu’est ce que ça doit être bien. Cela permet de s’évader. De quitter le monde clos où les professeurs vivent à domicile et se supportent mal. Là où les dortoirs séparent les lits par un simple drap.
Alors pour éviter les regards et les reproches des adultes, pour continuer ses rêves on se réunit la nuit, en douce et en petit comité. C’est là qu’on peut vivre une autre vie. Mais il est bien sûr interdit de se promener la nuit. Des professeurs rodent. Et un enfant se fait surprendre par un visiteur inconnu qui semble traverser les murs. Il le dit au directeur et à partir de là les disparitions commencent. Inexplicablement. Sans laisser de traces. Seulement elles font parler et jaser même, faisant apparaître des tensions plus fortes entre les adultes. Mais elles donnent aussi une formidable enquête aux enfants.
Une carte postale est reçue des Etats-Unis, on croit que le petit disparu a réussi à partir là bas. Elle est volée par un professeur mal aimé, un étranger - formidable Stroheim - qui mène sa propre enquête. L’enfant destinataire se bat pour la retrouver, plein de doutes sur les intentions de ce professeur différent qui s’avèrent être allié et lui montre qu’à bien y regarder la carte est fausse. Mais peut on le croire.
Les évènements s'enchainent, un professeur de dessin, aigri et alcoolique - Michel Simon cruellement effrayant - se tue. Le doute plane, n’a t’il pas été tué plutôt. Pourquoi a t’il parlé de Philippe Le Bel avant de tomber? L’enquête se poursuit. Le roi faux monnayeur donne la solution. Groupés et soutenus par le professeur mal aimé, les enfants font front. De nuit ils quittent le pensionnat et lance une attaque pour libérer le premier enfant disparu. Quel courage il faut et quelle aventure ils vivent. Oui des activités illicites avaient bien lieu dans le bâtiment. Mais l’important est que tous les enfants perdus soient retrouvés
C’est donc une enquête, mais surtout un film pour les enfants sans niaiserie. Ce sont eux les héros. Ils subissent, ils ont peur, ils résistent, ils se battent et finalement ils triomphent. Les adultes eux, et pour la plupart ce sont des idiots, ne se comportent pas différemment d’eux. Ils se chamaillent, font du bruit, pignent, grommellent, se battent même. Ils donnent une image faible de leur rôle. L’intendant est angoissé, car il voit du surnaturel partout et c’est très réjouissant. Réjouissante aussi l’apparition fantastique d’un passe-muraille la nuit dans une salle de classe. Certainement pas le genre de rencontre qu’on supposerait faire à cet endroit. Réjouissants, l’insolence et les rires, avec un regard plein de tendresse sur ces enfants un peu abandonnés, avec Mouloudji gamin. Une scène très émouvante d’un petit garçon attaché à sa tortue mais qu’il ne sait pas nourrir.
Surprenant enfin par les allusions angoissées à la guerre qui vient et pourtant au choix d’un acteur allemand dans un rôle clé et à la critique aussi d’un système d’éducation.