Voici le vrai film les 12 salopards qu'il faut bien différencier de ses fausses suites qui ne sont que des TV-films de qualité médiocre. Moins personnel que En quatrième vitesse ou Attaque, ce grand classique du film de guerre, violent pour l'époque, fut perçu comme un pamphlet antimilitariste (notamment avec la séquence d'ouverture sur une pendaison qui a lieu dans la prison militaire), car Aldrich aimait gratter là où ça démange, mais ça lui permet néanmoins de s'attaquer à une description du genre humain assez ambiguë, de s'interroger sur l'héroïsme guerrier et le droit de tuer. Sinon le film suit une trame classique de film de commando, avec une première partie de recrutement et d'entrainement puis une seconde partie qui vise la mission à accomplir. Grâce à son efficacité exceptionnelle et à ses 12 gars endurcis (plus leur commandant, d'où mon titre de critique), brochette incroyable d'acteurs à gueules (dont beaucoup n'étaient pas encore vedettes) qui brossent des figures caractérielles (Bronson, Sutherland, Cassavetes, Savalas, Brown, Walker...) confrontées à des figures d'officiers campées par des acteurs habitués aux rôles de brutes (Marvin, Borgnine, Meeker, Kennedy, Ryan, Jaekel), le réalisateur démontre de façon éclatante la supériorité d'un petit groupe homogène sur une troupe plus nombreuse. Les salopards d'Aldrich sont des voleurs et des criminels, prouvant ainsi qu'une guerre peut être gagnée par cette sorte d'individus, c'est un message clair plein de cynisme d'Aldrich définitivement ennemi de l'autorité, ça en dit long sur l'idée qu'il se faisait du genre humain. De même que toute la fin laisse un tableau amer et impitoyable des horreurs de la guerre. C'est donc la marque authentique d'un auteur sous le couvert de la grosse production distrayante qui fut même critiquée à sa sortie en France pour son aspect commercial.