Le premier film de Jean-Pierre Mocky se signale par un esprit et un ton amoraux en apparence, mais finalement moins provocateurs ou impertinents que dans ses films futurs.
Dans cette virée nocturne parisienne, Jacques Charrier, le séducteur cynique et brutal, et Charles Aznavour, quidam idéaliste et timide, multiplient les rencontres. L'étonnant échec du premier et la réussite envisagée du second ramènent le propos de Mocky vers une idée morale assez surprenante de sa part. Car le film est loin d'être la comédie attendue.
Il ne s'agit pas d'un simple concours de drague et Mocky s'attache vite à présenter le thème principal du film -assez analogue, quoique sur le mode de la comédie de moeurs, aux "Tricheurs" de Carné à la même époque- en décrivant la vulnérabilité et l'attente de l'amour vrai de ses personnages. Garçons et filles qui tentent pour la plupart de masquer leurs frustrations et leurs espoirs par le leurre d'une jeunesse dissolue. Il leur arrive d'être touchants par leur affectivité refoulée.
Mocky fait preuve d'une surprenante sensibilité et c'est en définitive cet aspect du film qui nous le fait tenir pour estimable.