Evidemment, en tournant son premier film à 18 ans et des poussières, Nathan Ambrosioni ne pouvait que susciter l'étonnement, l'admiration et aussi une comparaison oiseuse avec Xavier Dolan, tant l'univers développé dans drapeaux de papier ne rappelle que de très loin les premiers essais du prodige québecois. Oublions donc l'âge du réalisateur mais pas qu'il s'agit d'un long-métrage largement perfectible mais mis en scène avec une grande cohérence malgré une ou deux scènes en grande partie ratées (celles avec le père). L'histoire de cette homme qui entame la trentaine à l'air libre, après 12 ans de prison, et qui retrouve sa soeur cadette, ne manque pas de sensibilité ni de pudeur, riche dans ses silences, un peu moins convaincante quand elle se veut explicite avec un acharnement à suivre la réinsertion alors que le personnage féminin aurait peut-être mérité de plus amples développements. Ceci dit, il n'y a pas de flashbacks ni de voix off explicative dans Les drapeaux de papier qui privilégie l'étude des comportements à la profondeur psychologique, une position que tient sans problèmes Ambrosioni même si un peu plus d'épaisseur narrative, en clair davantage de risques dans le récit, n'aurait pas nui. Là où le jeune metteur en scène excelle, c'est dans la direction d'acteurs avec un Guillaume Gouix remarquable et une Noémie Merlant qui montre déjà un talent rare (elle a depuis plus que confirmé, de façon impressionnante, dans Portrait de la jeune fille en feu qui va la révéler pour de bon au plus grand nombre).