Odile (Emmanuelle Béart) vient de perdre son mari tué au front. Elle fuit Paris, avec ses deux enfants, au moment de la débâcle, et trouve refuge, grâce à un ado débrouillard, Yvan, dans une maison abandonnée et isolée en pleine campagne. C'est là, à l'écart de la guerre, dans ce havre de paix forcément provisoire, que se joue l'histoire de Téchiné. La nature est belle, radieuse, que le réalisateur filme sensuelle, et l'asile ferait, en des temps ordinaires, une bien belle maison de vacances.
Le sujet se rapporte essentiellement à la relation que nouent Odile et accessoirement ses enfants avec Yvan, grand garçon analphabète au passé intrigant qui sait se rendre indispensable à la subsistence de cette famille désormais "recomposée" par sa présence.
La construction des personnages et leur évolution fondent l'intérêt du film mais- c'est sa limite- ne présentent pas des facettes véritablement singulières ni profondes. Il me semble que certains aspects du caractère des personnages sont plutôt communs, voire factices, et pas de nature, en tout cas, à alimenter, si tant est que c'était l'intention de Téchiné, une dimension et un suspense psychologiques. Peut-être aussi le scénario n'est pas suffisamment imaginatif.