#NoRuCo 10

Les Enfants est un film de science-fiction très légèrement fantastique réalisé en 2014 par le français Jean-Sébastien Chauvin. Présenté dans plusieurs festivals internationaux, les jurys ont choisi d'encenser sa musique puisqu'il a remporté le prix de la meilleure bande originale à Valence, en Espagne, au cours de son année d'exploitation.

Pour information, monsieur Chauvin n'a réalisé que de courtes fictions : Les Filles de Feu en 2008, Et ils gravirent la montagne en 2011 ainsi que La Tristesse des androïdes en 2012 ; mais tout reste encore à bâtir pour lui puisqu'il travaille actuellement sur le script d'un long métrage en collaboration avec la romancière Hélène Frappat.
D'ailleurs, Hélène Frappat a scénarisé Les Enfants. L'écriture du film a donc jouit d'un soin tout particulier.

Aussi, malgré le budget apporté par la société de production Sedna Films, le projet à eu recourt au financement participatif pour achever sa post-production ; comprenez par-là montage, étalonnage, effets spéciaux.

Effrayé par un monstre, une mère et ses enfants fuient la maison familiale, emportant avec eux un objet de valeur chacun. Ils parcourent doucement la campagne française, laquelle a été ravagée par une mystérieuse apocalypse. Des cadavres jonchent le sols, pourrissent dans les hautes herbes. En cela, Les Enfants pourrait presque appartenir au sous-genre du post-apocalyptique. Néanmoins, après plusieurs heures de marche, apparaît derrière un amas de broussailles sombre quelque chose le rattachant plutôt à la science-fiction en général : une lumière aveuglante et pour le moins énigmatique.

En visionnant Les Enfants, ce qui frappe en premier lieu est la simplicité efficace de son histoire car à partir d'un postulat tout sauf compliqué et très peu de dialogues beaucoup de choses sont suggérées, laissées à libre interprétation du spectateur. Il faut bien comprendre par-là que l'écriture cinématographique ne se résume pas à fabriquer une histoire structurée : elle implique aussi le travail des non-dits, des hors-champs, des hors-film... des concept qui peuvent paraître totalement absurdes à ceux considèrant l'objet filmique comme étant limité à ce qu'il contient.

Quant aux personnages, ils demeurent crédibles, humains et non fictifs. Et Dieu sait qu'il est très difficile de diriger des enfants sur un plateau de tournage. Ici un coach a été engagé pour assurer les bons rapports entre la comédienne et les deux petits garnements dont c'est le premier rôle.

Ensuite, la forêt du Huelgoat avec ses rochers moussus et la lande sans fin des Monts d'Arrées constituent des décors naturels absolument magnifiques qui portent le lyrisme du récit et témoignent d'un réalisme cher aux artistes européens.
Bien sûr, il s'agit de science-fiction donc le film n'est pas spécialement réaliste. C'est même tout le contraire, pour ainsi dire. Bon nombres d'éléments y paraissent enfantins, issus du conte, notamment la forêt que l'on pourrait qualifier de maudite ou d'enchantée selon le point de vue, ainsi que des craintes liées à l'enfance : l'obscurité, l'inconnu et, bien sûr, le monstre qui aurait très bien pu siéger sous le lit ou dans le placard.

En conclusion, l'on peut dire qu'il est plaisant de voir des productions Françaises approcher les genres du fantastique et de la science-fiction et ce surtout lorsqu'elle n'ont qu'un petit budget pour se développer. Le problème étant maintenant de savoir si les gens y sont exposés. Heureusement des cinémas d'art et d'essai existent et projettent ce genre de films. Il en est de même pour divers festivals organisés chaque année et ce partout en France (comme celui des Maudits Films à Grenoble) donc il ne faut pas hésiter à s'y rendre afin découvrir des films toujours plus bizarres.

Retrouvez cette critique en vidéo !