Destruction massive
Servant de fil conducteur à cette déambulation dans les ruines d’un événement historique unique dans les annales, l’institutrice magnifiquement interprétée par Nobuko Otowa devient le témoin pudique...
le 6 mai 2019
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C'est un film inspiré des livres du docteur Nagai, médecin qui a dû traiter les survivants, alors qu'on ne savait pas encore quel était le type de la bombe utilisée. Il se focalise sur le drame et ses effets à court et moyen terme. Comment les survivants ont tenu le choc, face à une quantité absurde de grands brûlés, de morts, de destruction totale. Comment certains survivants ont vécu dans une horrible culpabilité. Comment peu à peu, de ce terrain désolé, quelques signes de vie ont émergé.
Le film a un rythme assez lent, soyez prévenus. C'est un farouche plaidoyer anti-guerre. Jusqu'à sa séquence finale assez tire-larmes, je l'ai trouvé fort bon, documentaire et sobre.
Il nomme au passage les responsables, les Américains, mais s'attache surtout à faire ressentir de la compassion pour les victimes, afin qu'elles ne tombent pas dans l'oubli. Et c'est bien le moins. Avec Auschwitz, les habitants des deux villes japonaises sont ceux qui ont le plus été confrontés à la pire des folies humaines (qui n'a jamais été jugée, celle-ci). Mais dans leur cas, cette horreur avait quelque chose d'instantané et de brutal qui dépassait l'entendement humain. Comment appréhender la vaporisation brutale de 70 000 personnes ? C'est la principale question posée.
Le film commence par les images réelles d'un discours de Jean-Paul II en japonais, en déplacement à Hiroshima.
La vie quotidienne des habitants de Nagasaki. 7 août. 8 août (annonce d'une bombe d'un genre nouveau sur Hiroshima la veille, la ville serait devenue une "mer de feu"). 9 août. Le docteur Nagai s'inquiète d'être trop exposé aux radiations de son rayon X. Les familles se retrouvent régulièrement dans les abris anti-attaques aériennes, essaient de tromper l'ennui, se disent à plus tard. Discussions insignifiantes, petite ville japonaise, on se croirait dans un film d'Ozu. Bruit d'horloge de plus en plus insistant.
Un éclair, puis un vent très violent. Des cendres tombent doucement. Les deux enfants que le médecin avait envoyé au vert chez la grand-mère voient arriver deux rescapés, encore tout chavirés. L'un d'eux vomit beaucoup. La grand-mère va sur place, revient avec une urne contenant les cendres de sa fille. Des récits de visage en lambeaux arrivent. On pleure. En ville, le docteur comprend qu'il a affaire à l'irradiation et ne peut qu'accompagner les mourants. La grand-mère finit par avouer au fils que c'est sa mère dans l'urne. Lui demande à aller voir les ruines. Longs plan-séquence d'eux au milieu du vide fumant.
Le docteur note tout dans un carnet. L'école primaire se réunit, mais sur 50 professeurs, il n'en reste que 3, et sur 1800 élèves, seuls 30 sont venus. Office catholique pour les morts, en novembre. Un participant s'indigne quand le prêtre sous-entend que la bombe a pu être la volonté de Dieu. Des soldats américains viennent photographier. Le médecin laisse sa barbe pousser 6 mois, en deuil de sa femme. Il retombe sur M. Hirata, un homme qui a perdu toute sa famille. Négligé, désespéré, il vole dans les transports en commun. Il l'invite chez lui, une cabane au milieu des ruines.
Il console une jeune institutrice défigurée qui veut entrer dans les ordres pour oublier qu'elle n'a pas eu le cran de sauver des enfants pendant le bombardement ("Ce n'est pas ta faute, c'est celle de ceux qui ont lâché la bombe !"). Sa santé se dégrade, mais il écrit quatre livres, tous censurés. Il meurt, on voit ses enfants devenus adultes.
Après la réminiscence d'un monologue pacifiste du père, le film se termine sur une tentative de reconstitution de l'enfer juste après l'explosion, sur une musique tire-larmes chantée par des enfants. On voit hélas l'artifice.
Créée
le 2 janv. 2018
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